dimanche 11 septembre 2011

Djembé

Après avoir croisé par hasard le griot au marché la veille, samedi dernier j’ai décidé de poursuivre mes leçons de djembé. Après avoir convenu d’un rendez-vous à 15h, Vieux et Ismaël sont arrivés vers les coups de 16h30 (est-ce que je m’y attendais? Oui.). Ousmane était fidèle au poste pour faire le thé et Malik est venu nous rejoindre par la suite. Nous avons commencé par revoir les rythmes déjà appris puis avons rapidement enchaînés sur des nouveaux. Attirés par le son, des enfants ont commencé à venir s’agglutiner, d’abord pour observer, avec curiosité, la toubab en train de jouer du djembé. Ensuite, Vieux a décidé de les intégrer en les faisant chanter, et spontanément, quand nous avons commencé à jouer, les enfants se sont mis à danser.

C’était vraiment un beau moment tout africain : des dizaines d’enfants que je ne connaissais pas pour la plupart, des rythmes entraînants, des chants séculaires, des voisins curieux qui viennent sans invitation, du thé… J’ai bien aimé mon second cours de djembé.

Fête de fin de Ramadan

Comme dans tout pays musulman, la fin du Ramadan au Mali est marquée par des festivités pour le moins grandioses. Pour l’occasion, un collègue stagiaire et ami, Garan, m’avait invitée à passer quelques jours dans sa famille à Bamako. Comme dans tout foyer africain qui se respecte, l’accueil fut des plus chaleureux et on tenta sans vergogne de m’engraisser!!!

La fête étant le mardi ou le mercredi (c’est en fonction de la lune que ça se décide la veille même), nous avons quitté Katibougou le dimanche en après-midi. Nous nous sommes simplement reposés le dimanche soir, car le lundi, une longue journée nous attendait. Nous sommes partis, Garan, Maman, sa sœur, et moi au marché vers les coups de 7h, car la veille de la fête est journée d’effervescence dans les marchés et nous désirions y aller tôt pour éviter la cohue. Comble de malheur, une pluie torrentielle s’abat sur nous en route (bon nous étions en voiture, ce n’est pas grave, c’est plutôt ce qui va suivre). Arrivés au marché, la pluie a diminué, mais elle laisse des traces, les rues et trottoirs sont carrément inondés. Pour nous rendre à la première boutique nous avons dû traverser trois intersections où l’eau me montait jusqu’aux genoux. Évidemment, ce n’était pas une eau limpide, mais plutôt une eau crasseuse qui avait ramassé dans ses torrents toutes les saletés du marché. Malgré tout, je ne pouvais pas m’empêcher de rire en traversant les rues, surtout que parfois un nid de poule faisait en sorte que la profondeur de l’eau augmentait brusquement. J’ai juste espéré bien fort ne pas attraper de maladie!

Quand on fut sortis de la première boutique (on y est restés longtemps, c’était pour moi!) les inondations avaient déjà disparues et le soleil malien voulait se pointer le bout du nez. On a continué nos emplettes et avons pu quitter le marché qui était déjà bondé vers midi. En après-midi, Garan et moi avons continué nos achats, mais en moto cette fois-ci. Nul besoin de vous dire que le trafic en cette journée d’effervescence était chaotique (du moins, encore plus qu’à l’habitude) et je ne me serais jamais aventurée à conduire !  Dans les rues de Bamako, on apercevait çà et là des zébus égorgés, signe que les Maliens avaient décidé que la fête serait le lendemain, croissant de lune ou pas.

Le mardi, jour de fête, a débuté avec les bénédictions d’usage et un bon repas. Déjà les gens se pressaient chez les parents de Garan pour demander pardon et formuler des bénédictions. Vêtue de mon boubou pour l’occasion, je suscitais l’amusement chez ces intellectuels maliens. Nous sommes ensuite partis, Garan et moi, faire la tournée (famille, amis, famille des amis). Bref, il m’a bien « barouatée » partout dans Bamako (ce n’est pas facile de monter en jupe sur une moto en passant! Maman a dû me montrer une technique pour monter tout en gardant ma pudeur). En après-midi, nous sommes allés chez Bintou, une amie. Elle nous a (elle aussi) fait manger (j’en pouvais déjà plus!), puis nous avons discuté en buvant des sucreries. Le soir, nous sommes partis tous les trois au Parc National, un genre de jardin botanique avec des jeux, des fontaines et des cascades. Mis à part un achalandage monstre (je ne vous raconte pas l’aria pour payer les billets d’entrées, disons qu’ici faire la queue est un concept qui n’existe pas) cette ballade où les jeunes gens étaient parés de leur plus beaux atours fut bien sympathique et clôtura une belle journée.

Aller-retour

L’avant dernière journée passée à visiter le Mali en fut une plutôt sombre. Ma chère grand-maman qui avait tenu bon jusque-là nous a quittés pour des cieux meilleurs. Tout se bousculait en moi : ma tristesse, le déni, l’envie de ne pas y penser et de me laisser submerger par la splendeur des découvertes que je faisais, les questions quant à savoir si et comment j’allais assister à ses funérailles… Les jours qui ont suivi passèrent rapidement et sont embrouillés dans ma mémoire.

Pratiquement en criant ciseau, je me retrouve dans un appareil d’Air France. Je ne me sens pas prête à retourner au Canada. Je me sens incomplète, inachevée. J’ai l’impression de ne pas avoir pris tout ce que j’avais à prendre du Mali, de ne pas avoir trouvé tout ce que je cherchais et me voilà catapultée vers chez moi, sans que je n’aie eu le temps de m’y préparer réellement. Je retourne dans un monde où tous mes besoins peuvent être satisfaits dans un délai restreint, où la circulation respecte un certain ordre, où les gens font la file pour être servis… bref, dans un monde complètement différent de celui qui était mien depuis plusieurs mois. C’est fou, à quelques heures de vol seulement, des mondes séparés par des décennies de développement se côtoient, m’accueillent, m’apprennent.

Malgré la tristesse de la raison pour laquelle je me suis retrouvée momentanément en terre natale, ce séjour, quoique extrêmement épuisant, me permit de me rappeler toutes les belles choses, mais surtout les belles personnes, qui m’attendent à mon retour définitif, que ma quête soit complétée ou non. Merci à vous, Ab, Papa, Maman, la famille, la belle-famille, les amies, les amis…

mercredi 7 septembre 2011

À la découverte du Mali

Mercredi le 10, journée tant attendue depuis le début de notre stage. Nous avions enfin la permission de partir quelques jours consécutifs afin de découvrir notre pays hôte. Que de choses à raconter! D’abord le transport. Pour se rendre à Mopti, de là où nous comptions organiser le reste de notre séjour, nous devions faire Koulikoro-Bamako en sotrama, puis Bamako-Mopti en bus. Mais d’abord, pour se rendre à l’autogare de Koulikoro, qui est à l’extérieur de la ville, loin loin loin au bout d’la chose, nous devions trouver une façon de nous y rendre, Jean-François et moi, avec nos bagages Pour ce, il faut traverser tout le campus (pas de transport en commun), continuer quelques kilomètres avant de rejoindre la civilisation, passer Koulikoro Ba, traverser Koulikoro Gare, puis finalement quitter la ville pour y arriver. Heureusement, nos amis ont des cœurs d’or. Mahamat a séché une partie de ses cours et emprunté la moto de Christophe afin de faire des 2 aller-retour nécessaires pour nous rendre à bon port. De là, un trajet cahoteux, inconfortable et à l’étroit en sotrama pour Bamako, puis un trajet de plus de 12 heures en bus avec une chaleur si infernale que j’ai dû m’acheter un éventail pour survive, pour nous rendre à Mopti (ce ne sont qu’environ 800 km sur une route goudronnée somme toute en bon état, ce sont tous les arrêts, pour des riens qui tuent!). Donc on a quitté la maison à 10h30, et avons mis le pied à terre dans la Venise malienne à 4h le lendemain matin. Pas besoin de vous dire qu’on ne se sentait pas frais!

Le jeudi, après une courte nuit de sommeil, nous sommes partis à la découverte de Mopti, une ville dont nous avions aucune attente, puisqu’il s’agissait du pivot devant nous mener en pays Dogon et à Djenné. Nous avons été agréablement surpris. Jeudi, jour de marché, nous avons traversé le marché des Bozos (ethnie de pêcheurs), le marché des Peuls et celui des Bambara. En chemin, deux garçons de notre âge nous ont proposé un tour guidé de la ville en échange d’un coup d’œil à leur boutique à la fin de la visite. On a donc pu bien découvrir la ville grâce à ces deux jeunes hommes bien motivés, qui nous ont fait sortir des sentiers battus et arpenté des rues que je soupçonne n’avoir jamais été foulées par un pied touriste. Comme promis, à la fin de la visite on les suit pour se rendre à leur boutique. Nous n’avions qu’une heure et demie devant nous et avons été confrontés à une situation toute africaine.

On se présente donc chez Mohammed, un des « guides ». Il nous fait monter à l’étage, allume le ventilo, sort le nécessaire pour préparer le thé et nous laisse en plan. Pendant ce temps, son ami s’occupe de nous préparer le thé. Près d’une heure plus tard, il revient avec trois sacs pleins à craquer; il avait dû se rendre quelque part pour trouver la marchandise, puisqu’ils ne louent pas de locaux lors de la saison basse. On a sélectionné ce qu’on voulait, avons marchandé bien longtemps et sommes partis à la course, laissant nos guides un peu amers puisque nous avons été de féroces négociateurs (nous connaissons les prix, faut pas nous en passer!). La raison de ce départ précipité était que nous avions rendez-vous pour une balade en pirogue.

Quelle balade! Un moment apaisant dans une journée mouvementée où nous ne cessions d’être interpelés, questionnés, « barouatés », sollicités, voire harcelés puisque nous faisions partie du faible lot de touristes. La balade, qui a débuté sur le Bani, nous a permis d’apprécié Mopti sous un angle nouveau, de visiter quelques îles à proximité où s’étendent des villages bozos et des campements touaregs. Nous avons ensuite quitté les eaux du Bani pour sillonner le Niger avec pour trame de fond l’agitation due à l’approche du bris du jeune et le crépuscule. Après cette belle balade fluviale, nous n’avions guère plus d’énergie que pour manger notre premier repas de la journée (pas le temps avant!) et se laisser choir dans notre lit.

Le lendemain matin, nous partions pour le Pays Dogon, attrait mythique du Mali. Je sais que j’utilise souvent les superlatifs, mais là, ils ne sont même plus suffisants! Je comprends maintenant l’engouement pour cette contrée et l’aspect incontournable de la chose. Premier contact avec le Pays Dogon, nous sommes arrêtés dans un village en bordure de piste pour acheter des noix de kola et, tant qu’à y être, visiter un peu. Prochaine escale : la falaise. La voiture nous y a donc laissé JF, notre guide et moi avec tous les bagages en nous disant « à demain! ». L’aventure commençait. Et la pluie voulait cesser, bien heureusement pour nous! Ceux qui me connaissent bien savent que j’abuse le port des gougounes (tapettes). Je peux maintenant me proclamer Reine du Maniement de la tapette, car j’ai pu descendre la falaise et traverser une partie du pays Dogon sans me départir de mes gougounes, et sans même regretter de ne pas avoir pensé à prendre mes baskets.

La vue était magnifique. Le rouge de la terre et le vert émeraude de l’hivernage s’entrechoquaient pour créer des paysages spectaculaires, dont les villages épars, les cascades occasionnelles et les arbres distordus ajoutaient au mysticisme de la chose. Premier arrêt, Kanikombole. Nous avons sillonné les petites rues du village encadrées par les cases de terre afin de nous familiariser avec le mode de vie dogon. Chaque fois que nous croisions un vieux, nous devions lui remettre une noix de kola, bien entendu seulement une fois les salutations et bénédictions d’usage terminées.

Après un bon repas et un léger repos, nous avons quitté vers Telli. Les quelques kilomètres nous séparant du village furent tout aussi beaux que ce qui nous avait été donné de voir jusqu’à présent. En arrivant, nous avons posé les bagages (un vrai fardeau avec la chaleur qui régnait!) et sommes partis escaladé la falaise afin de visiter les maisons troglodytes des Tellems (ancêtres des Dogons) et des Dogons. Les maisons les plus récentes n’étaient plus habitées depuis un demi-siècle, mais étaient très bien conservées. En soirée, nous avons tout simplement admiré le paysage qui s’offrait à nous : falaise au clair de lune, panorama mystique, mythique, irréel, émanant de beauté et de puissance. La silhouette des maisons, mosquées et églises en terre battue se détachait de la noirceur pour se soumettre à la puissance de la falaise dominant le village. J’ai dormi sur le toit, à un moment je fus réveillée par un bruit en bas, c’était un dromadaire qui nous faisait part de ses humeurs.

Le lendemain, dernière journée en pays Dogon. Après les quelques kilomètres de splendeur et de simplicité extrêmes, nous sommes finalement arrivés au dernier village, Ennde. Après un court repos, nous sommes partis à la découverte du village, avons gravi la falaise histoire de croquer le paysage qui s’offrait à nous (toujours aussi somptueux, les tons de vert et de rouge se faisant concurrence pour gagner la palme de splendeur). Après le repas, nous sommes partis nous baigner dans une petite cascade cachée. C’était trop bien et si rafraîchissant après tous les kilomètres parcourus. L’eau bleutée scintillante qui s’échappait des hauteurs du massif dogon. Le chauffeur est finalement venu nous chercher pour nous faire retraverser toute cette magnificence brute pour nous ramener à la civilisation. Pour le reste de la journée, nous avons tout simplement profité de l’ambiance de Mopti.

Le lendemain était une journée de route vers Djenné. Je me répéterais si je vous racontais la splendeur épurée des paysages. Nous sommes arrivés à destination finale au crépuscule (non sans avoir été surpris par le nombre de véhicules que peut faire traverser un bac avec un simple moteur de 75 forces), donc juste à temps pour croquer l’image de la fameuse mosquée se préparant pour la nuit. Le lundi, dernière journée de notre périple, nous nous sommes levés tôt le matin afin de vivre l’effervescence du jour de marché à Djenné, puis avons profité de la lumière matinale qui baignait la petite ville pour faire un tour dans les quartiers non fréquentés. C’était même plus beau que la mosquée à mon avis, de voir toutes ces rues sinueuses encadrées par des maisons monochromes de terre battue, animées par les talibés et les habitants se préparant à aller au marché. Nous avons malheureusement dû quitter tôt Djenné compte tenu de la longueur de la route qui nous attendait pour regagner Katibougou, nous n’avons donc pas pu profiter pleinement du caractère rustique de Djenné, mais avons quand même pu rassasier nos yeux avides de découverte. Retour très tard en soirée après avoir traversé le Mali d’est en ouest, des souvenirs plein la tête.

mardi 2 août 2011

Loin de chez moi

Mardi dernier, début de palu. Je me réveille après une nuit entrecoupée par les vomissements, avec l’impression qu’un 10 roues m’est passé sur le corps. J’ai deux SMS. Un de Gareb, qui était avec Garan et moi quand mes vomissements ont commencé la veille, qui s’enquière de ma santé, et un de Mahamat, qui dort dans la même chambre que Gareb et qui est inquiet d’avoir appris mon état. Je leur réponds que ça va mieux, même si je me sens brûlante de fièvre et si fatiguée que je ne peux rien faire (en Afrique, ça ne se dit pas qu’on va mal). J’ai malgré tout tenté d’aller travaillé, ce qui fut vain parce dès que je fus assise dans le bureau de Modibo, les étourdissements et les nausées ont eu raison de moi et je suis retournée à la maison. Avant la crise, j’avais croisé Mahamat qui s’en retournait chez lui car les cours étaient annulés (le prof ne s’est jamais présenté) et qui me demandait de le tenir informé de mon état. Quand il a su que je retournais à la maison, il est passé voir si tout était correct et si j’avais besoin de quelque chose. Plus tard, c’est Ousmane qui est venu me voir et qui a accompagné JF à la recherche d’un traitement antipaludéen. Pour le dîner, JF m’a préparé une soupe poulet et nouilles, histoire de me réconforter un peu. Un peu plus tard, c’est Garan avec un de ses amis qui est passé voir comment j’allais et, encore un peu plus tard, c’est Koné, alerté par Garan qui est venu, puis finalement Malik. Tout au long de la journée, Gareb et Mahamat m’ont envoyé des SMS pour me changer les idées et pour savoir ma température était à combien. Ils sont également venus en soirée, s’assurer que tout allait. Il y a eu Bintou aussi, avisée par Garan qui m’a écrit pour me souhaiter bonne guérison.

Cette journée, même si je l’ai trouvée difficile en raison de mon état, m’a tellement fait chaud au cœur. Tous ces gens, qui me connaissent depuis moins de deux mois et qui s’inquiétaient sincèrement de mon état, me disaient tous être à ma disposition pour me tenir compagnie ou m’aider en cas de besoin. Je ne sais pas si ce sont les comprimés ou les pensées positives, mais le mercredi je me suis réveillée bien en forme avec pour seule séquelle une légère fatigue, la fièvre étant complètement partie. Alhamdouliah!

S’intégrer à l’IPR

Cette semaine, sur le campus, jeudi et vendredi, c’était les journées de l’intégration. Au programme, toutes sortes d’activités pour faire connaître et mettre en valeur la richesse des cultures des étudiants de l’IPR. Jeudi midi, il y avait une dégustation de mets typiques des pays dont proviennent les étudiants : Gabon, Burkina, Tchad, Mali, Bénin, Togo, etc. (et non, on ne nous a pas demandé de faire de poutine!). Comme nous nous sommes liés d’amitié avec des Tchadiens avec qui je joue au basket, on m’a choisie comme goûteuse officielle de ce plat. Normalement, c’était des professeurs ou personnes importantes qui allaient à l’avant, mais là j’ai eu un passe-droit! Didier, qui animait toujours, n’a évidemment pas manqué l’occasion pour faire des blagues et me faire rougir. J’étais même stressée avant de monter sur scène! On m’a fait goûter à une sorte de tô (pâte compacte avec une sauce aux gombos) et à une bouillie au lait et aux arachides. C’était délicieux et quand je l’ai dit en bambara après que Didier m’ait demandé mes impressions, toute l’assistance était hilare. Ouf, je m’en suis bien tirée. Il faut dire que j’avais peur d’être devant un plat que je ne pouvais pas psychologiquement manger; par exemple, il y avait un plat burkinabé à base de chenilles… j’ai évité!

Tout l’après-midi, il y avait une sorte de kermesse, des jeux, de la musique. Le campus entier était joyeux et vivant. En fin d’après-midi, un match de basket amical avait été organisé dans le cadre de la journée. Une cinquantaine de personnes sont venues nous voir jouer. On a vraiment eu du plaisir et j’ai pu défendre à la fois l’honneur féminin et canadien en offrant une bonne performance. Malgré tout, notre équipe a perdu, mais ce n’était clairement pas ça qui comptait! Le lendemain, au tour du match de foot. Cette fois, c’était les profs contre les étudiants. C’était vraiment drôle et sympathique comme match et comme ambiance. À un moment, les profs qui tiraient de l’arrière par un point ont exigé la présence de JF sur le terrain, encouragés par Modibo. C’était bien drôle! Évidemment, ça n’a pas passé inaperçu! Le soir, un spectacle de danse traditionnelle des différents pays a été organisé. C’était génial de voir les étudiants, tous vêtus d’habits traditionnels venir danser sur scène avec fierté. À la fin, ça s’est muté en soirée dansante, donc fidèles à notre habitude, nous avons brûlé les planches jusqu’à la fin.

C’est vraiment drôle, parce que maintenant, pratiquement tout le monde me connaît et me salue par mon nom lorsque je les croise sur le campus. Il faut dire que Didier a grandement contribué à ce fait en nous pointant à chacune des activités et en nous menaçant de nous obliger à danser! On peut dire que les journées d’intégration de l’IPR ont bien accompli leur mission pour les Canadiens du moins!

Danse, danse, danse

Désormais, toutes les fins de semaine, il y a des coupures d’eau et d’électricité qui perdurent vraiment longtemps. Un samedi du mois de juillet, nous avions programmé une sortie à Koulikoro en compagnie des stagiaires du centre ou JF et moi travaillons. Cette soirée se tenait au Mess des officiers. Néanmoins, le départ de Katibougou avait été prévu vers 21h, mais à cette heure, nous n’avions toujours pas d’eau pour nous doucher et l’électricité n’était pas revenue, ce qui compromettait nos possibilités de danser! JF et moi nous sommes donc rendus au campus rejoindre Garan, un des stagiaires, avec qui on a des discussions très intéressantes et toujours plaisantes. Une fois sur le campus, c’était irréel de voir les étudiants essayer d’occuper leur samedi soir comme faire se peut. Certains jouaient de la guitare, d’autres faisaient le grin (s’asseoir autour du thé et discuter longuement), d’autres déambulaient… Quelques instants plus tard, alors qu’on remettait les plans de la soirée en question, l’électricité est revenue, sous les acclamations généralisées. La vie s’est dynamisée instantanément, mais nous n’en avons pas été témoins longtemps, nous devions nous préparer… mais tant pis pour la douche, l’eau n’allait revenir que dans le milieu de la nuit.

Garan et Koné sont passés chez nous, tous deux très bien vêtus et JF et moi faisions un peu pouilleux à côté d’eau avec nos vêtements laids de travail et de voyage. Malgré tout, nous avons chevauché nos Jakarta et sommes partis vers notre première soirée d’une série respectable. Arrivés là-bas on rejoint Kouyaté, un autre stagiaire. Il connaît bien les aires, donc nous amène à un endroit où nous pouvons nous asseoir avant que les gens arrivent massivement. Il nous apporte du chewing gum et des friandises pour faire passer le temps. C’est toujours un peu étrange pour moi, alors que je m’apprête à veiller, de déguster des bonbons… La musique a bientôt crû en volume et en intensité et la piste de danse s’est rapidement remplie. Nous avons dansé jusqu’à 3h du mat, avec quelques brèves pauses. Nous commencions à nouer des liens avec nos collègues stagiaires, mais cette soirée les a consolidés, puisque, en dehors de prendre le thé tous ensemble, c’était la première activité que l’on faisait hors travail.

Le samedi suivant, nous sommes également sortis avec eux, d’abord au Mess des officiers puisque Kouyaté faisait partie de l’organisation de la soirée (et il nous a fait passer comme des VIP, c’était bien drôle!). Nous avons dansé jusque vers 1h du mat, puis sommes partis pour le Foyer des Paysans, sur le domaine de l’IPR où avait lieu une autre grande fête. Encore une fois, nous avons fêté jusqu’à la fin et ne nous sommes assis que bien peu de fois pour nous reposer. C’était vraiment génial comme soirée. La musique était à 100% africaine et nous avons donc dû apprendre certaines danses en ligne et certaines rondes. Ce qui était bien aussi, c’est que je connaissais beaucoup de gens, rencontrés au basket ou au travail, donc c’était amusant de me joindre à différents groupes pour danser et de saluer et être saluée tout au long de la soirée. Bien évidemment, quand nous sommes entrés dans la place, Didier, l’animateur de la soirée et ami de Garan, n’a pas manqué de saluer notre présence à JF et moi et d’exiger qu’on danse! Nous nous sommes soumis à ses volontés avec plaisir!

lundi 18 juillet 2011

Audry au Mali... en villages!

Il y a une semaine débutaient les visites en villages, soit la partie charnière de mon stage, ce pour quoi je me préparais depuis près d’un mois déjà. Première destination : Siratiguila. Pour s’y rendre, nous devions traverser le fleuve et s’enfoncer dans la brousse pour près de 20 minutes (si la route est belle). L’accueil fut digne de l’Afrique : verre d’eau à notre arrivée, arachides, sceau de lait (je n’ai fait que semblant de boire; pas d’électricité dans le village = pas de réfrigérateur + du lait non pasteurisé… j’ai passé mon tour!), repas de roi une fois que la réunion fut terminée. Je me suis bien amusée.

Comme c’était le premier village, je découvrais tout et j’ai fait une vraie kid kodak de moi : champs parsemés de baobabs et d’arbres à karité, greniers sur pilotis, construction de terre séchées, abris rustiques pour se protéger du soleil, four à karité (pour en extraire le beurre), enfants au sourire étincelant, femmes coquettes et aux habits multicolores, etc.

La rencontre s’est déroulée à l’africaine : à l’ombre d’un grand arbre et entrecoupée de thé. Les paysans ont exprimés leurs préoccupations et leurs besoins, nous en avons discuté pour près de 3 heures. Nous avons été arrêtés dans nos palabres par une brève, mais intense pluie. Résultat, tout le monde s’est réfugié chez le chef du village et j’en ai profité pour faire un diaporama sur mon ordi afin de leur montrer leurs photos. Il fallait voir les réactions et l’émerveillement de tout un chacun. Lorsque la pluie fut calmée, nous avons demandé la route. On nous la refusa. Pas le droit de partir avant de manger le succulent spaghetti au karité qu’ils nous avaient préparé. J’ai été la dernière à arrêter de manger tellement c’était bon et différent (et je crois que les femmes en étaient ravies). Je n’ai pas manqué de leur dire à quel point c’était bon, avec les quelques rudiments de bambara que je possède. Vers 14h, nous avons pu avoir la permission de quitter, avec un attroupement derrière le pick up qui nous saluaient, tout sourire. Le coup d’envoi annonçait une semaine riche en expériences humaines et en découvertes des beautés (tant physiques que morales) de l’Afrique.

Arrivés à Gouni (là où nous prenons le bac pour traverser le fleuve), celui-ci était pris de l’autre côté en raison du mauvais temps qui s’annonçait. Nous sommes donc restés près de 2 heures à la Mairie de Gouni à attendre le bac (ce n’était là que le début de ma constatation des horaires pour le moins flexibles du bac).

Le lendemain, cap sur Dianguinabougou, qui est à près d’une heure de l’autre côté du fleuve. La route était à couper le souffle. Routes de terre rouge bordée de végétation émeraude, milliers de zébus transhumants (qui nous ont plusieurs fois retardés, puisqu’ils prenaient toute la route sur une centaine de mètres à plusieurs endroits), petits villages rustiques, enfants travaillant aux champs et saluant les rares véhicules sur la route, hommes à vélo se rendant travailler sur leurs terres, baobabs feuillus… Je me sentais inondée par la beauté. C’était à se pincer, presque irréel avec la lumière du matin qui faisait étinceler les restes de la pluie nocturne. Une beauté impossible à décrire, impossible à reproduire en photo. Bref, un moment privilégié entre moi et ce continent que j’aime tant.

Arrivée sur place, c’était magique. Tous les enfants du village sont venus se regroupés autour de moi en criant « toubabouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu! ». On me serrait la main, touchait la peau, mendiait une photo. La joie était au rendez-vous. Avant le début de la réunion, j’ai eu le temps de faire la visite de plusieurs concessions et d’y prendre en photo toutes les femmes qui y travaillaient. Elles étaient si amusées de se voir ensuite sur l’écran de l’appareil. Ça provoquait l’hilarité. Tout au long, j’ai été suivie par une meute d’enfants curieux et amusés qui se glissaient dans la majorité des portraits que je tentais de prendre.

La rencontre s’est également très bien déroulée et, encore une fois, nous avons eu un accueil tout africain. Arachide, eau, lait, dîner. J’ai moins mangé que la veille, étant dans une salle qui sentait l’urine des animaux (probablement leur enclos pour la nuit). C’était du tô, le repas national malien. C’est une pâte un peu flasque dont on fait une boule qu’on trempe dans une sauce verte gluante (aux gombos). La sauce, contre toute attente, était délicieuse, mais l’odeur âcre des urines de ruminants me coupa bien vite l’appétit.

De retour vers Gouni, nous avons croisé encore plusieurs troupeaux de zébus et de chèvres. La route était aussi belle qu’à l’aller. Arrêt par la Mairie afin d’attendre le bac pour 1h30 qui, cette fois-ci, n’avait aucune excuse : le soleil billait de mille feux. Encore une belle journée en village!!!

Jeudi, c’était au tour de Gouni. Comme c’est tout près, on devait y aller en moto. Étant une équipe de 3, je devais conduire la Jakarta. Comble de malheur, une pluie torrentielle s’abattait sur la région à l’heure du départ. Nous sommes tout de même partis, Modibo et moi, affronter l’élément hydrique. En passant à Koulikoro, nous devions quitter le goudron pour aller chercher Seydou qui nous accompagnait (le même homme jovial qui nous a accompagnés chez le Maire). Les manœuvres étaient assez ardues dans les rues boueuses et inégales de Koulikoro. Par la suite, pour se rendre au bac nous devions rouler sur une langue de terre qui était immergée dans le fleuve. J’ai donc roulé à moto dans le fleuve Niger. Peu de gens peuvent s’en targuer! J’ai fait de mon mieux pour éviter les roches pointues et le ressac des vagues, et j’ai pu me rendre au bac, déjà épuisée.

Une fois sur la terre ferme, la pluie s’était arrêtée, mais les routes en gardaient souvenir. Nous avons d’abord dû nous rendre à la boutique acheter des noix de kola (que l’on remet traditionnellement au chef à chaque visite). La route, d’un mètre cinquante de large (maximum, parfois je me demande si ce n’était pas un mètre) était glaiseuse, parsemée de nids d’autruche (pas de nids de poule, des bien plus gros oiseaux!) et bordée de murs de terre séchées. Quand je tournais un coin, je ne savais jamais si j’allais tomber face à face avec un zébu, une chèvre, un vieillard ou un enfant (finalement, je suis tombée nez à nez avec tous ces éléments plus d’une fois). Une fois chez le chef, on apprend qu’il nous attend à la salle de réunion, juste à côté de la boutique. Je fais demi-tour non sans manquer tomber parce que le sol glisse trop. Modibo et moi avons tout de même réussi à manœuvrer sans se salir jusqu’à notre point de départ.

La rencontre fut plus brève, mais tout aussi amicale que les précédentes. Contents d’avoir terminé pour 11h, nous voyons que le bac est de notre côté du fleuve. On se dépêche pour aller le prendre. Comme il n’y a aucun passager, les conducteurs prennent le thé au haut de la colline, à l’ombre. On laisse nos motos et allons les rejoindre. Nous attendons près d’une heure. Lorsqu’il est l’heure de partir, il n’y a pas assez de véhicules, donc le responsable nous annonce qu’il ne partira qu’à 15h. Noooooooooooooon! Fatigués par notre semaine et l’attente sous le soleil cuisant, nous envisageons l’option de traverser en pirogue, juste comme on nous propose d’allonger les 1000 CFA supplémentaires que payerait un véhicule pour la traversée, ce qui pourrait justifier celle-ci auprès des autorités. Avoir su, on aurait payé bien avant… Malgré tout, je suis bien contente d’arriver avant les coups de 17h à la maison…

Vendredi, nous avions un programme chargé (2 villages). Malheureusement, victime d’une intoxication alimentaire et malade depuis l’aurore, je suis comme un zombie lors de la première visite. À un moment, j’ai même cru défaillir. J’ai failli en échapper mon ordi que je tenais sur mes genoux. J’ai réussi à m’accrocher à la conscience le temps de la visite, et j’ai loué le ciel quand elle fut close. Le chemin du retour fut entrecoupé de « pauses » afin de me permettre de me débarrasser de la bile récalcitrante qui restait dans mon estomac. Ouch… J’ai dormi toute l’heure du midi afin de me faire des forces, mais l’heure venue de partie au deuxième village, je voulais en pleurer. Malgré tout j’y suis allée et, bien que je n’aie pas absorbée la beauté des paysages et profité de l’accueil des villageois de manière optimale, je me suis sentie énergisée par ces gens simples et généreux. Et qui sait, peut-être que toutes les bénédictions qu’ils m’ont données pour que je guérisse vite y furent pour quelque chose… Ceci dit, en revenant, j’étais fragile, mais remise sur pieds. Alhamdoulilah! Ce fut, somme toute, une semaine superbe et une expérience africaine unique, même pour moi qui ai pratiquement passé un an de ma vie dans cette sous-région.

dimanche 10 juillet 2011

Un intrus dans la villa

Samedi, alors que je balayais la véranda après avoir fait toute la maison, un lézard bien moins mignon que ceux qu’on voit habituellement (il semble plus gluant et sournois) s’approche de la porte d’entrée, alors que je suis à l’opposé, me regarde et file dans la maison en se dirigeant droit vers ma chambre. J’y entre, le repère et panique. Ils ne me dérangent pas à l’extérieur et de loin ces reptiles, mais je n’ai aucunement envie d’en avoir un dans ma chambre. Comme JF travaille sur les champs, j’appelle  Ousmane qui est dans la maison d’à côté, non sans un brin de panique dans la voix. Je le somme de venir me libérer de l’intrus.
Il arrive bien pénard. Il semble assez habitué. Il me demande d’arrêter le ventilo, de déplacer ci et ça et de lui remettre le balai. Il commence la chasse sous la bibliothèque. Le verrat de lézard file sous mon lit bien massif. On doit donc tout enlever, les draps, le matelas, la base de lit, avant de continuer la chasse. Et quelle chasse!  Des dizaines de coups de balai sont donnés à l’intrus avant qu’il capitule.
À un certain moment, Ousmane réussit à porter un coup qui fait en sorte que l’intrus perd sa queue. Alors, ce que vous avez lu dans les livres de biologie est bien vrai. Une fois isolée, la queue du lézard continue de se tortiller et de se battre pour sa vie, beaucoup trop longtemps à mon goût. Pas besoin de vous dire que d’être témoin de ce fait biologique m’a arraché quelques cris bien féminins!
Après près d’une demi-heure de chasse, nous sommes en sueur, mais l’intrus est enfin mort. Yééééé. Ousmane fait le ménage en m’évitant gentiment d’avoir à confronter le lézard ou sa défunte queue. Au passage il tue une demi-douzaine d’araignées qui avaient élu domicile sous ma base de lit. Ce n’est pas tant leur diamètre de corps qui est impressionnant que la longueur de leurs pattes.
Bon, ça y est, ma chambre est maintenant libérée, pour un temps du moins, des horribles créatures…

Des blancs en balade au balani

Samedi soir. Voilà plusieurs samedis bien tranquilles que l’on passe à Katibougou. C’est généralement très tranquille le samedi. Sauf qu’hier, Oumou et quelques femmes de son groupement avaient organisé un balani, une fête dansante pour les enfants. La fête devait débuter à 17h, mais la pluie l’a retardée jusqu’après le souper.  Belle coïncidence, les boubous que JF et moi avions commandés étaient prêts dans la même journée. Nous bravons donc la pluie pour nous rendre chez Oumou munis d’un sac contenant nos boubous.
On mange, comme à l’habitude, un délicieux repas. Oumou commence à se préparer. Elle sort, elle est magnifique avec son boubou en bazin brodé. Vers 21h, c’est à notre tour. Je vais me changer la première et je sors en même temps qu’arrive une des amies d’Oumou. La réaction est démesurée. Elles sont tellement contentes de me voir en boubou; elles crient, elles me tapent dans les mains, rient, me disent que je suis maintenant une vraie malienne… Au tour de JF. Même chose, son boubou brodé fait fureur. Nous prenons quelques photos et sommes prêts à partir. Tant qu’à être devenue malienne, je porte Aïssata au dos.
Arrivés au terrain de basket, on s’aperçoit, JF et moi, que mises à part les marraines de l’événement (i.e. Oumou et ses 3 amies), nous sommes vraiment trop habillés. En effet, la plupart des gens qui sont présents (surtout des jeunes) portent des vêtements occidentaux. Inutile de vous dire que l’arrivée des deux toubabs du campus vêtus de boubous et accompagnés des marraines de l’événement ne passe pas inaperçue. Oumou part saluer l’animateur, puis nous la perdons de vue. Nous restons bien sagement assis avec Aïssata et Ancien en attendant son retour et en nous disant « une chance qu’on est pas tout seul ». À un moment, l’animateur  qui parle en bambara semble prononcer le mot « toubabou ». Bon, on est peut-être paranoïaques… en fait, maintenant, tout le monde nous regarde. JF et moi échangeons un regard non sans un léger stress. Oumou revient, je lui demande qu’est-ce que l’animateur a dit. Elle me répond : « il a dit que vous alliez danser ». Gloups… (bruit de déglutition difficile).
Les danses se poursuivent. Ce sont surtout les jeunes filles (4 à 12 ans) qui dansent. Ensuite, c’est au tour de leurs comparses masculins. Ils sont vraiment impressionnants. À un certain moment, c’est au tour des femmes. Oumou se lève et me demande de l’accompagner. Prétextant le fait que je porte Aïssata au dos pour m’en sortir, elle finit par me laisser assise et part se trémousser au rythme de la musique.  Bientôt, c’est au tour des jeunes femmes. L’animateur, je ne sais pas comment il a su, appelle Audrey la toubab sur le dancefloor. Je me cache derrière Ancien afin d’éviter les clameurs de la foule. Il persévère et la musique ne commencera qu’une fois que j’aurai pris place dans une des deux lignes de jeunes femmes qui se font face. La musique commence. Je commence ma business non sans sentir les battements déchaînés de mon cœur. (Il faut noter ici qu’au Québec, je n’ai aucun complexe à danser, on m’attribue même un certain talent en danse, mais en Afrique, peu importe les compétences dans notre pays natales, il y a deux obstacles à la danse : les rythmes sont imprévisibles et inconnus et… je suis blanche! Cela provoque inévitablement l’hilarité des Africains qui me voient me trémousser).
À ma droite les deux filles face à face commencent à avancer vers le centre en dansant pour ensuite inverser leur place. Ma voisine le fait. C’est maintenant mon tour. Bien évidemment, cela n’échappe pas à l’attention de l’animateur qui m’encourage en hurlant mon nom.  Bon pis d’la shnoutt, je lui fais un shake d’épaules digne de ce nom. La foule explose!  Je reprends la place de ma vis-à-vis et continue à me balancer au son de la musique. Bon, la glace est brisée, mais je retourne vite m’asseoir dès que la chanson se termine.  L’animateur dit quelque chose en bambara. Je demande c’est quoi à Oumou, puisque j’ai entendu mon nom. Elle dit qu’il a dit que je sais danser. Fiou!
Après ma danse, la pression se fait de plus en plus sentir sur JF.  Un rythme hip hop réunissant les jeunes garçons commence. Après quelques instants, il s’élance et danse avec eux sous les yeux ébahis et réjouis de la foule. Bon, ça y est, les deux blancs ont dansé au balani. On reste. Je retourne plusieurs fois danser avec Oumou. Lorsqu’il est 23h, JF et moi partons porter Ancien qui dort paisiblement. En route, il accroche une de mes boucles d’oreille qui tombe. Je pose Ancien par terre et j’envoie JF chercher ma lampe frontale. Au cours de l’attente, un jeune homme passe. Je l’intercepte et lui demande de m’aider avec son portable à retrouver ma boucle. En Afrique, c’est comme ça. Pratiquement tout le monde peut se mêler de tes affaires et tu peux demander à pratiquement tout le monde de se mêler de tes affaires. Il la retrouve. Je le remercie chaleureusement et continue ma route. En chemin, je croise Ousmane qui porte toujours un manteau d’hiver (rappelez-vous qu’il a plus, donc la température a descendu sous la barre des 30 degrés, ce qui est FROID). Il prend Ancien et m’accompagne jusque chez Modibo. JF ressortait au même moment. Nous nous entendons pour nous retrouver à la villa plus tard.
Une fois douchée et changée, j’ai envie de retourner au balani continuer la fête avec Oumou. J’y vais. Je danse souvent et longtemps. Au cours d’une des danses, ma vis-à-vis aime rester longtemps au centre. J’ai donc dansé avec elle (un peu trop longtemps à mon goût) sous les encouragement de l’animateur, qui  m’a baptisée Audrey Coulibaly. Vers minuit et quart, je retourne voir les boys (JF, Ousmane et Malik) à la maison, mais je n’ai plus d’énergie, donc je ne tarde pas à aller au lit. J’ai fait de beaux rêves musicaux…

mardi 5 juillet 2011

Une autre journée dans la vie d’une stagiaire canadienne

Vu le succès du dernier récit d’une journée typique au Mali, en voici une autre, qui m’a fait dire : c’est TELLEMENT ça l’Afrique.

5h du mat. Je me réveille avec le tonnerre qui fait vibrer la maison. Et j’ai le nez bouché : j’ai attrapé un rhume en raison de la température de ma chambre qui est descendu à 27.5°C l’autre nuit. Je ne suis plus habituée à ces froids! Je ne réussis pas à me rendormir et, de toute façon, je dois me lever tôt car j’ai rendez-vous à l’IPR à 7h30 pour une visite chez le Maire de la Commune.

Après un ptit déj’ (baguette et beurre de peanuts apporté directement du Canada), je pars sous la pluie à vélo. J’ai de la difficulté à partir, car une pédale est brisée et je dois la mettre du bon côté si je ne veux pas qu’elle tombe. Mais les roues callent dans la boue et le coup d’envoi est difficile.

En route, je croise Modibo en moto qui porte un manteau d’hiver. C’est vrai que c’est un peu frais aujourd’hui, mais on parle de 28°C…

7h15 Arrivée à l’IPR en avance. Yes! Gabriel est très pointilleux sur la ponctualité (avec raison! Mais en Afrique c’est parfois tentant de ne pas arriver à l’heure). 8h, toujours pas de nouvelles de Gabriel. Mouri qui est ici depuis l’aube vient me porter un thé. J’en profite pour prendre mes messages sur le net.

8h30, toujours sans nouvelles. Modibo tente de rejoindre Gabriel, sans succès. Mouri vient me porter un 3e thé.

9h Un véhicule arrive, c’est Gabriel. Il n’a toujours pas réussi à joindre le Maire afin de confirmer notre rencontre (en raison du mauvais temps, ce n’est pas certain qu’il traversera le fleuve pour se rendre à ses bureaux). On en profite pour faire quelques correctifs à notre programmation et l’imprimer.

9h45, on part, le Maire nous recevra chez lui, dans un village près de Koulikoro. En route on passe prendre Seidou, l’homme qui a accompagné tous les stagiaires précédents dans les villages. On rit beaucoup et plusieurs plaisanteries sont faites car, dans le réseau de l’IPR, Gabriel est le supérieur de Seidou, mais dans la vie, ce dernier est l’aîné, donc Gabriel lui doit respect. Ils se taquinent donc tout au long du trajet, non sans nous écorcher gentiment au passage, Modibo et moi.

Vers 10h on est au village, mais personne ne peut nous dire où le Maire habite. Après avoir croisé un troupeau d’une trentaine de moutons, patiné en pick-up sur le sol argileux, avoir failli écrasé un jeune zébu téméraire qui traversait la rue pour aller rejoindre son troupeau et un appel au Maire, on trouve sa résidence!

Un homme en short, gougounes et vêtu d’un beau boubou multicolore brodé vient nous accueillir en souriant. C’est le Maire. L’accueil est représentatif de la rencontre que l’on aura : tout se passe sous le sceau de l’humour. Avant de passer au salon parler de choses sérieuses, sa femme vient nous saluer.

Au cours de la rencontre, on est interrompu par un bébé qui pleure dans la pièce voisine. Le Maire se lève et va chercher sa fillette. Il appelle sa femme pour qu’elle vienne le libérer afin que l’on puisse clore.

Un peu plus d’une heure plus tard, on quitte, toujours en riant et en plaisantant. En chemin, Gabriel s’arrête récupérer son journal (il est abonné mais doit se rendre à quelques km de sa résidence pour récupérer le quotidien) et je demande à ce qu’on s’arrête pour que je m’achète des mèches. La transaction faite, on repart vers l’IPR.

12h j’arrive, me prépare une salade et file ensuite chez Modibo, car Oumou va me tresser aujourd’hui. En chemin j’arrêt à la boutique acheter du jus en poudre et des sucettes pour toute la maisosnnée : je n’arriverai certainement pas les mains vides et, après tout, c’est une journée spéciale, je serai un peu plus malienne à la fin!

L’après-midi passe vraiment vite. Oumou et moi parlons d’affaires de filles : quels sont les critères de beauté dans nos pays respectifs, nos maris, nos traditions nationales, de cuisine… J’ai vraiment du plaisir et je sens que je passe un moment privilégié. Fidèle à mon habitude quand je me fais tresser, je laisse de côté la distance corporelle et appui sans gêne mes aisselles sur les genoux d’Oumou pour plus de confort et une position optimale. Parfois, Kada, sa nièce, vient l’aider en faisant quelques tresses. Pendant ce temps, Aïssata, Ancien et Mamie me divertissent en dansant, me parlant, chantant des comptines et en me chatouillant. Ancien me fait vraiment penser à Mara, mon petit frère sénégalais : il touche à tout, bouge sans cesse et fait parfois des bêtises au grand dam de sa mère.

18h30, je repars chez moi accompagnée d’Ancien, Mamie et d’une petite amie inconnue. Je prends ma douche pendant que les enfants touchent à tout. J’en profite pour couper les mèches qui dépassent en attendant JF. Vers 19h30, on part souper.

Après le souper, Oumou termine mes tresses pendant que les hommes jouent aux cartes et écoutent la télé. On me sert 2 thés pendant ce temps. Vers 22h30, boostés par le thé, on quitte JF et moi (accompagnés jusque chez nous par Modibo), car on veut aller sur internet, voir si Jean, notre coordonnateur qui est maintenant au Canada, nous a répondu à nos milliers d’interrogations. On y va en moto en se disant qu’on ne serait « donc ben pas venus à pied ». Surtout qu’internet ne fonctionne pas dans la salle des profs. Je traverse donc la rue et quelques obstacles végétaux, non sans croiser quelques ânes broutant, afin d’aller essayer autour du Centre de recherche en agroforesterie (il y a un autre réseau sans fil). Ça fonctionne! Yes sir! Je prends mes mails. Pas de nouvelles de Jean.

Je retourne voir JF pour lui dire de venir. En chemin, un âne commence à crier et les autres lui répondent. Arrivés là-bas, on se connecte et on voit une réponse de Jean dans ma boîte. Quand j’arrive pour la lire, la connexion plante. Damn! On retourne au local des profs parce que souvent quand ça ne fonctionne pas quelque part, ça fonctionne ailleurs. Pas aujourd’hui. On repart donc vers minuit un peu déçus, mais vraiment pas surpris. Cette situation relève plus de la norme que de l’exception.

On revient sous le ciel étoilé, en moto, les cheveux au vent. Tant pis! J’ai quand même eu une très belle journée. Des retards, des pluies torrentielles, des impondérables, des imprévus, des rencontres sympathiques, des rires d’enfants, des discussions, des animaux partout, des routes boueuses, des tresses, bien du thé, une connexion non fonctionnelle, des cris d’âne, des milliards d’étoiles, une Jakarta… C’est aussi ça l’Afrique.

vendredi 1 juillet 2011

Retour aux sources

Hier j’ai appris une terrible nouvelle. Les jours de ma grand-maman adorée, ou grand-mouman comme elle se plaît à dire, sont comptés. Je ne serai peut-être pas en mesure de la revoir avant qu’elle ne s’envole avec les anges. J’étais atterrée, impuissante. Je me sens coupable d’être ici si loin d’elle, de réaliser un rêve alors que les siens prennent fin.

Après m’être retenue pour ne pas (trop) pleurer tout l’après-midi (ici, on ne pleure pas!), je décide d’aller me changer les idées et d’aller jouer au basket. Arrivée sur place, je suis accueillie avec le sourire par Maman (l’autre unique fille qui joue) et quelques jeunes hommes avec qui nous jouons. Comme nous sommes peu nombreux, des enfants jouent sur le terrain. Tous me gratifient d’un sourire. Un jeune homme handicapé s’était joint à eux (il semble paralysé d’un côté de son corps et a de la difficulté à parler clairement, en raison, je crois, de sa paralysie) et essaie tant bien que mal de lancer le ballon vers le panier. Inutile de vous dire qu’avec sa condition, le ballon passe très loin du cerceau. Malgré tout il persévère et continue de jouer. Je le croise assez souvent ici pour admirer sa détermination et louer ses efforts. Partout dans le monde c’est difficile d’être limité physiquement, mais en Afrique il y a bien peu d’infrastructures et de programmes d’aide prévus pour ces gens.

Dès que j’arrive, un joueur me donne le ballon pour que je lance du 3 pts. Il entre. Le jeune paralysé crie de joie, un cri pur, sincère, il semble si heureux que mon tir ait rentré. En m’approchant de lui on a tous deux le réflexe de se taper (tant bien que mal) dans la main. Ce simple geste, sa joie sans mesure pour une banalité m’a rappelé pourquoi j’étais ici, pourquoi envers contre tous j’étais si loin de ma pauvre grand-maman et je me suis sentie mieux. Alhamdoulilah.

Une journée bien remplie

À force de me lire, vous avez certainement compris que le rythme africain est différent, vraiment différent du rythme nord-américain. Cela ne veut pas dire qu’on ne travaille pas, ou qu’on travaille moins (en fait les gens ici ont des horaires que peu d’entre nous seraient capables de soutenir à long terme), on organise simplement le temps différemment… ou parfois on ne l’organise tout simplement pas. Mardi dernier, j’ai eu une journée bien remplie, sans rien avoir planifié.

Lever tôt afin d’aller travailler à l’IPR. Internet ne fonctionne pas. Pas grave, j’ai eu une bonne connexion en fin de semaine à Bamako. Je fais ce que j’ai à faire et vers midi je retourne en vélo à la maison afin d’attaquer la montagne de lessive qui m’attend impatiemment dans un coin sombre de ma chambre. Pour ceux qui ne l’ont jamais fait, de la lessive à la main (et particulièrement les draps!) c’est long en torpinouche! Je continue ensuite à travailler sur mes trucs en mangeant. Vers 14h débarquent à quelques minutes d’intervalle Malik et Ousmane, deux voisins et amis. Nous profitons du beau temps pour faire le thé. C’est moi qui le fais!!! (Merci à mon professeur, Khalil Diawara du Sénégal, ils ont bien aimé).

Vers la fin de l’après-midi, Malik décide de réaliser un de mes rêves et de nous amener nous balader dans sa charrette, tirée par les Magiciens (nom donné à ses deux ânes).Voulant partager mon bonheur et cette chance unique (normalement quand tu as une charrette, c’est réservé au travail), on fait un détour afin d’aller chercher Mamie et Ancien pour qu’ils nous accompagnent. Deux petites amies y sont, qu’elles viennent elles aussi! Nous partons alors vers Katibougou (le village). On coupe par les champs, voit le fleuve au loin (pas si loin), puis on retourne vers l’IPR. Au lieu de tourner dans la cité, on va plus loin sur le campus, vers les champs et les bureaux. En route, on crie « Allez les Magiciens » avec les enfants pour qu’ils courent plus vite. Bien évidemment, les gens ne sont pas habitués à voir des charrettes transportant deux toubabs et une cargaison d’enfants, donc tout le monde qu’on croise a un sourire en coin.

Au retour de cette belle ballade, je pars jouer au basket, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de souper. J’en profite pour travailler un peu avec Modibo sur ce qu’on doit présenter à la réunion du lendemain, je joue avec les enfants, puis rentre, crevée de cette belle journée improvisée.

Les dimanches à Bamako...

Samedi, profitant du départ de Jean vers Bamako, notre coordonnateur de l’UL, nous avons sauté sur l’occasion et sommes partis à la conquête de la capitale malienne pour la fin de semaine (on était tout excités, enfin on changeait un peu d’air!). On a réussi à avoir une chambre pas cher comme il va toujours au même hôtel et ce fut une escapade dans le luxe : air climatisé, télé dans la chambre (bon, je l’ai même pas regardée), internet qui fonctionne (et rapido à part de tsa!), un lit qui ne creuse pas au centre et qui fait en sorte que je ne suis pas capable de me relever sans rouler plusieurs fois sur moi-même tellement sa concavité est intense… Donc samedi soir, on a pris un bon repas en compagnie de Jean et avons appris beaucoup sur cet étonnant monsieur qui a passé une bonne partie de sa vie en Afrique (Afrique centrale, Guinée-Bissau). C’était bien inspirant.

Dimanche matin, on s’est levés hyper tôt et on est allé déjeuner sua rue comme qui dirait. C’était bien drôle de bouffer avec les locaux, pas beaucoup de blancs font ça par ici… Ensuite, taxi direction Point G. Oui, oui, vous avez bien lu! Le point G est une colline qui surplombe Bamako et qui offre une vue spectaculaire de la coquette ville et du Niger. On a marché beaucoup et sommes tombés par hasard sur un sentier « touristique ». Après deux km de marche, on a découvert une encore plus belle vue de la ville. Yééééé! (Fait cocasse : on a rencontré un gardien du conservatoire après 1km qui ne pouvait pas vraiment nous dire ce qu’il y avait plus loin… Il y travaille tous les jours…)

Ensuite, direction musée national. C’était vraiment de belles expositions, dont une sur les textiles du Mali. Le festival de la couleur!!! On a pu en apprendre davantage sur les diverses techniques et l’histoire du bazin, des bogolans, de la laine, etc. Et pour tous ceux qui connaissent la chanson, elle est vraie : les dimanches à Bamako, c’est des jours de mariage! Il y en avait justement un sur le bucolique site du musée, et on a croisé quelques autres au cours de la journée.

Ensuite on est allés au marché. Comme on était les deux seuls blancs dans le marché, on avait l’air de du miel. Il y avait un essaim qui nous tournaient autour. Ces « mouches » étaient des hommes de tout âge qui voulaient nous vendre des masques, des statuettes, des maillots de foot, des serpillères… bref tout et rien!!! Malgré mon ferme caractère (habituée à Sandaga au Sénégal, je croyais être capable de repousser les plus insistants… FAIL!), on n’a pas pu marcher seuls et décider où qu’on voulait aller des deux heures qu’on était là. Bon, faut dire qu’on ne savait pas où on voulait aller, ni acheter, donc ce n’était pas un problème en soi. Seulement un peu épuisant!

Le fait insolite du jour : on est débarqué du taxi dans un endroit très peu fréquenté par les touristes, c’était le marché des grigris. Têtes de singes, de chevaux, d’antilopes, peaux de lézard et de léopards, coquillages, poils de phacochères et d’hyènes se côtoyaient et dégageaient une puanteur qui pogne à la gorge. J’ai quand même eu le courage de prendre des photos quand j’y suis retournée lundi matin. Des souvenirs impérissables, mais il faut vraiment avoir le cœur solide! C’était drôle aussi, car les vendeurs que j’interrogeais ne voulaient pas m’expliquer à quoi chaque élément pouvait servir, on éludait mes questions. Il y a un savoir maraboutique que seuls quelques élus possèdent….

Le clou de la journée? Une baignade à l’hôtel Rabelais. Wow! Quelle sensation de plonger dans l’eau (pas froide du tout!) par cette chaleur étouffante! On a laissé couler les heures jusqu’à ce que le soleil ne nous chauffe plus, puis on est revenus à l’hôtel. J’ai bien aimé mon dimanche à la piscine de Kigali Bamako.

dimanche 26 juin 2011

À la guerre!

Hier soir, j’étais en train de lire, quand un bruit dérangeant d’insecte me sort de ma bulle. Il y avait trois genre de papillons tournant autour de ma lumière. D’instinct, pour les chasser, je vais allumer la lumière de la salle commune, ferme celle de ma chambre et fais du vent avec un morceau de vêtement pour les guider hors de ma chambre. Je retourne pénard lire, quand cinq de ces perce-oreilles montés sur des ailes de libellules (appelons-les les perce-libellules) reviennent déranger ma quiétude. Je sors de ma chambre et ô, malheur! J’aperçois des centaines et des centaines de ces insectes virevolter dans la grande salle. Il est près d’une heure du mat, mais j’appelle JF au secours : Jean-François, on est infestés! Il se lève, prend une espadrille, moi le balai et on commence le génocide.

Heureusement ces bêtes affreuses sont faciles à tuer et peuvent perdre leurs ailes, donc une fois au sol, on a l’avantage. Première tentative pour éviter un massacre, je ferme la lumière de la maison et ouvre la porte. Ô catastrosphe! Il y a des milliers et des milliers de ces perce-libellules qui tournoient autour du néon extérieur et qui entrent par toutes les ouvertures de la villa. Je commence à les tuer avant qu’elles n’entrent, mais elles sont toujours plus nombreuses, rappliquent avec ferveur pour un peu de clarté. Bien que j’en aie tuées près d’un millier à l’extérieur (on les tue à coup de vingtaines et j’étais assez fervente dans mon désir d’extermination), ça ne sert à rien. JF me somme de rentrer pour qu’on prenne en main la situation qui s’aggrave à l’intérieur. Le génocide continue. Près de deux cents perce-libellules ont été tués dans notre salle commune. Une demi-heure plus tard, on peut aller se recoucher, sachant que la grande majorité d’entre elles sont mortes (et on les a noyées dans un sceau d’eau, juste pour être certains!). Au petit matin, des milliers d’ailes translucides jonchaient notre véranda. Mais plus aucune de ces bestioles ne fut recensée à l’intérieur. Nous avons gagné la première bataille, mais a-t-on remporté la guerre??? À suivre…

Fête de fin d’année

Lundi dernier, c’était la fête de fin d’année scolaire de Mamie. Bien heureuse de pouvoir y assister, je me rends chez Oumou (sa mère) vers 16h. En sortant de chez eux, (Oumou portait Aïssata au dos), elle me désigne une vieille Jakarta. Me demandant comment Oumou (qui est plutôt bien portante et prend davantage d’espace avec une fillette au dos) et moi allions pouvoir cohabiter sur la petite moto, je lui suggère d’aller chercher la mienne, me disant que ce serait plus simple d’y aller sur deux destriers mécaniques. Communication interculturelle oblige, Oumou n’a pas compris ça et m’a répondu : Oui c’est mieux, votre moto est plus récente, plus sûre. Nous sommes donc parties, toutes les trois, chercher notre Jakarta afin que JE les conduise jusqu’à la fête. Assez stressée de conduire pour la première fois deux passagers et d’avoir la vie d’une fillette de 9 mois entre les mains (on garde ici en tête que je conduis une moto depuis moins de deux semaines à cette date!), je peux vous dire que j’étais TRÈS prudente et très attentive à la route. Heureusement, le chemin était court et aucune anicroche ne s’est produite. En route, j’apprends qu’Oumou n’a même pas de permis et qu’elle conduit, je me sens donc plus à l’aise d’être la conductrice désignée de l’événement.

Arrivées à la fête, on se trouve un siège parmi la soixantaine disposés en cercle et l’attente commence. J’observe. Des centaines d’enfants y sont, tous plus beaux les uns que les autres. Les jeunes filles ont des cauris dans les cheveux, les garçons rivalisent d’élégance et de dandysme. Des dizaines de jeunes s’agglutinent autour de moi, pour venir me serrer la main, caresser mes cheveux ou simplement pouffer de rire devant le fait qu’une toubab a crashé leur fête de fin d’école. Les techniciens préparent le son (ici, on préfère toujours le nombre des décibels à la qualité du son), les enfants jouent, courent, vont et viennent. Puis, à près de 17h30, le spectacle commence. Chorégraphies, lip synch, danses traditionnelles sont au rendez-vous. C’est vraiment mignon, mais très mal enchaîné. On peut attendre jusqu’à 30 minutes entre chaque numéro (4 en tout). L’attente est parfois agrémentée d’une danse improvisée d’enfants ou d’adultes. Malgré tout, j’y ai trouvé mon compte et pris plusieurs photos (mais pas de film… piles mourues! L ). Oumou trouvait que c’était très mal organisé, mais moi je trouvais que ça ressemblait à ce que j’avais généralement connu en Afrique… Je n’étais donc pas surprise, déçue ou outrée. Simplement, j’étais là. C’était bien aussi de passer un moment entre filles seulement. Je n’ai pas osé danser à cette fête (me sentant déjà comme le clou du spectacle), donc je me suis occupée d’Aïssata. Le retour s’est aussi bien passé en moto (alhamdoulilah!) et je crois qu’Oumou, Mamie, Aïssata et moi sommes toutes bien contentes d’avoir partagé cet agréable moment

Fun fact : nos liens entre Aïssata et moi se sont si bien développés au cours de cette journée que je peux maintenant la porter au dos, comme ma petite Diewo du Sénégal.


mercredi 22 juin 2011

Une journée dans la vie d’une stagiaire canadienne

J’ai pensé qu’il serait intéressant pour vous, qui pour la plupart n’avez pas mis le pied en Afrique, de vous partager quelques détails du quotidien d’une canadienne au Mali afin de meiux vous dépeindre certains détails cocasses ou enjôleurs de l’Afrique. Une tranche de vie quoi!

Aujourd’hui, samedi. 9h. Les yeux grands ouverts malgré le fait que je n’aie trouvé le sommeil qu’après les coups de 4h. La cause? Un heureux mélange de thé trop fort bu trop tard et de la chaleur accablante qui ne semble pas vouloir quitter mes appartements. Ah, et le cri démentiel d’un âne. Hi haaaaaaaaaan hi haaaaaaaaaaaaan. Damn you Donkey!

J’abdique : je soulève mon moustiquaire et me lève. Courte douche froide afin de me libérer des dernières chaleurs de la nuit et de me ragaillardir. JF est parti chercher du pain à la boutique pour notre ptit déj. Je mets une bouilloire sur le feu (une bombonne de propane qu’on allume avec des allumettes) histoire d’avoir de l’eau à boire dans les prochaines heures. Après le ptit déj, je pars à pied vers les bureaux de l’IPR voir si la rencontre hebdomadaire du samedi a lieu et m’essayer sur internet pour prendre des nouvelles de vous, et vous en donner.

Je prends le sentier qui traverse les champs, car c’est plus court… et plus exotique : palmiers, poules, chèvres, cocotiers sont de mise. Aussi, il y a moins de gens… quand on se lève d’une courte nuit et que l’énergie nous manque, c’est parfois indiqué. J’arrive au local de conférence. Deux stagiaires maliens y sont. Je les salue, m’enquière s’il y a une réunion, non. Je vais saluer Awa qui travaille dans la salle d’à côté, fais le tour pour voir si je n’ai oublié personne. Ah oui, Mouri, le sympathique homme à tout faire qui m’a baptisée Fanta. Je traverse ensuite une petite clairière pour me rendre aux locaux où j’ai (sporadiquement) accès à internet, non sans soigneusement éviter une marre de boue dans laquelle j’ai glissé et failli souiller mes vêtements hier soir.

La porte est barrée (ici on a une relation particulière avec les clés, qui démontrent une position, un pouvoir). Kaboro, l’homme en charge de tout ce qui est informatique sur le domaine de l’IPR n’a pas la clé (pourquoi? C’est mystérieux, lui-même ne peut pas vraiment expliquer … il devrait toutefois en recevoir une copie éventuellement, les démarches sont entamées… à suivre). On fait le tour du bâtiment ensemble afin d’aller voir si le secrétariat est ouvert (ils ont une copie). Non. Kaboro demande au gardien, qui lui dit que le directeur viendra dans 5 minutes. Il part chez lui, et moi j’attends. Peut-être 30 minutes. Peut-être plus. Le gardien vient ensuite ouvrir le secrétariat et « préparer la place » (ouvrir la clim, les fenêtres). Mes espoirs sont déçus, il ne me tend pas de clé. Je continue l’attente, moins longue cette fois; le directeur arrive, me tend la clé et pour des raisons logistiques, me la confie pour le week-end. Wow! Une promotion!!!!

J’ouvre (enfin!) le local près d’une heure trente après avoir quitté la maison. Coupure de courant. Damn! Je décide de faire un sit in et d’y rester jusqu’à ce que le courant revienne. Modibo arrive entretemps et nous travaillons efficacement sur nos projets de l’été. C’est motivant. L’expérience et les connaissances de ce professeur de l’IPR sont impressionnantes et son désir d’action me stimule et me ressemble davantage. On s’accorde pour dire qu’après 4 ans de discours et d’enquêtes, il est temps d’apporter des résultats concrets à ces paysans que l’on dérange chaque fois en saison des pluies.

Modibo part. Je reste un peu… à 13h, j’abdique en raison d’un ventre creux. Je retourne lentement sous le chaud soleil chez moi. Malik, notre ami et voisin est en grande discussion avec JF. Et j’apprends qu’on a un « coloc » pour la nuit, un professeur de l’IPR. Un peu confuse, je suis vite rassurée lorsque je vois à quel point M. Amadou Diarra est sympathique. Je quitte acheter des pâtes à la boutique pendant que JF commence à couper les oignons et faire bouillir l’eau. Devant l’entrée, je prends soin d’éviter les crottes fraîches laissées par l’âne. Ici, il y a des crottes de tout partout : de cheval, de chèvres, d’ânes, de chats, de chiens, de moutons, de vaches... On les évite du mieux qu’on peut quand elles sont fraîches (surtout qu’on est tous en gougounes!), mais au bout de quelques jours elles sont complètement sèches, donc c’est moins stressant! En chemin je salue tout le monde que je croise. La plupart me répondent, heureux d’être salués par une toubab. Certains m’ignorent (ça fait toujours un peu mal!). J’arrive à la boutique, salue tout le monde qui est assis à l’entrée, essaie de pratiquer mon bambara, procède à mes achats puis rentre, tranquillilou.

On mange pour la première fois en 2 semaines des pâtes avec de la garniture (i.e. pas blanches!). Miam! Elles sont vite englouties. Pendant cette razzia, des petits lézards courent un peu partout autour de nous et grimpent sur les murs de la maison. Les moutons de nos voisins passent faire leur visite quotidienne en passant par un trou dans la clôture, non sans bêler leurs expectatives. Je mets une nouvelle bouilloire sur le feu afin d’avoir plus d’une bouteille à réfrigérer. On fait ensuite la vaisselle, dans un gros bac que l’on place dans notre douche. On sue à grosse gouttes rien qu’à nettoyer le tout. Voulant envoyer à notre coordonnateur de l’UL les documents que nous avons rédigés, Modibo et moi, je prévois retourner m’essayer sur internet puisque le courant est revenu.

14h. La pluie commence. Elle se déchaîne. Une pluie torrentielle en dessous de laquelle personne ne s’aventure. Elle dure. Tant pis pour internet. Après avoir contemplé un long moment la force des éléments et la beauté de ce paysage sonore, je vais lire dans ma chambre, puis m’assoupie. Vers 17h je me réveille et JF et moi décidons d’appeler notre ami Koné, un stagiaire de l’IPR qui voulait nous inviter à prendre le thé. Comme la pluie est finie, on peut y aller. Il vient nous chercher, nous passons en route devant le terrain de basket où j’ai tant de plaisir à suer ma vie. J’aurais bien aimé jouer aujourd’hui, mais j’ai une invitation, on se reprendra demain, inch’Allah!

L’accueil de la maisonnée est chaleureux. Les discussions vont bon train. Le thé est délicieux. Un petit garçon part en courant acheter des arachides à la boutique. Elles agrémentent bien le thé. Je joue avec une jolie petite fille. Elle fouille dans mon sac, touche mes cheveux, prend mon foulard. À un certain moment, je sens quelque chose de chaud sur mon pied. Elle me pisse dessus! Je le retire bien vite, mais le mal est fait!!! Je vais me rincer les pieds à l’aide d’une bouilloire en plastique que la mère de famille m’a remplie. Elle vient sur le rocher balayer l’urine de sa fille en y jetant de l’eau, pour diluer le tout. J’essaie tant bien que mal de l’aider, mais on ne me laisse pas faire.

19h. Il est l’heure de partir, car on nous attend pour le souper. Koné nous accompagne jusque chez Modibo. Ici c’est comme ça. On ne laisse pas les gens rentrer seuls; on les accompagne jusqu’à leur destination finale. En chemin, on croise notre voisin Ousmane qu’on a eu du mal à reconnaître parce qu’il porte un manteau d’hiver. Il faut dire que la pluie a refroidi le climat, mais il fait encore au moins 30 degrés!

Arrivée chez Modibo, Ancien me saute dans les bras, veut que je le balance. Oumou est en train de coiffer les jeunes filles de la maisonnée (sa nièce et une aide-ménagère qui ont une soirée). Mamie est magnifique avec ses nouvelles tresses parsemées de cauris, des petits coquillages qui ont longtemps servi de monnaie en Afrique de l’Ouest, faites spécialement pour la fête de fin d’année. Je joue un peu avec Aïssata, mange un délicieux repas malien (du niébé avec une sauce aux oignons), discute un peu avec Modibo, puis pars avec JF, car on s’est dit qu’on réessayerait internet, comme la connexion fonctionne aujourd’hui. En chemin on croise Koné, qui nous accompagne afin qu’on lui montre comment se servir de Google Scholars.

Dans cette noirceur enveloppante, on prend le goudron. Le faible faisceau de ma lampe a du mal à nous indiquer tous les obstacles : crapauds écrasés, branches d’arbres, crottes de ci, crottes de ça, crottes de ci et ça. On arrive tout de même indemnes ET la connexion fonctionne! Wow! Après quelques temps à surfer sur le net, je suis prête à partir, mais pas mes collègues. Je les attends un peu, puis la pluie commence. Je suis donc confinée à rester là. Je m’invente quelques trucs à faire. La plus grosse araignée que vous pouvez imaginer (genre plus de 15 centimètres) passe furtivement à quelques centimètres de mes pieds. Je crie et me lève en sursaut. Koné, ahuri, lorsqu’il comprend la cause de mes cris enlève sa sandale et part à la recherche de la fautive, qui se promène un peu partout dans la pièce, insaisissable, puis s’évapore dans la nature. Je reprends là où j’étais.

Une heure plus tard, panne de courant. Bon, bien on va partir. Heureusement la pluie a cessé (ou presque). Les arbres majestueux s’essorent sur nous et leurs feuilles humides frétillent. Le chemin du retour se fait avec un léger stress : la foudre tombe par deux fois sur des poteaux électriques à côté de nous, de sorte que nous voyons les flammèches. Le ciel, souvent illuminé d’éclairs, est magnifique. Des serpents lumineux se tortillent çà et là dans le firmament malien. Parfois, c'est la voûte céleste au complet qui s’illumine dans des teintes de mauve et d’oranger, pour une seconde ou deux. J’ai souvent vu des orages dans ma vie, mais autant d’éclairs à la minute, c’est une première.

12h30. On arrive enfin indemnes à la villa. Je me rince les pieds dans une flaque d’eau (la plupart des chemins sont en terre et, après la pluie, en bouette!) et entre. Je fais bouillir de l’eau, encore. Me lave, pour la 4e fois de la journée (cette chaleur!), descends ma moustiquaire, branche mon ventilo et écris ces quelques lignes. Bonne nuit!

vendredi 17 juin 2011

Roule, roule, roule…

Jeudi dernier, Gabriel Demebélé, le directeur du projet pour lequel nous travaillons, nous appelle, pimpant de bonheur. Un peu surpris par cette joie inattendue (il faut dire qu’il est un de ces Africains atypiques qui ne se perd pas en conjectures et qui a l’habitude d’aller droit au but), nous nous rendons, comme convenu à son bureau. Ô joie, on nous présente le vieux vélo d’un des premiers stagiaires remis en état de marche. Enfin, nous aurons un peu plus d’indépendance pour aller acheter nos légumes à Koulikoro sans se fait carboniser pendant 2h sous le soleil.

Depuis je découvre les joies du vélo telles que je n’aurais pu les connaître au Québec : rouler et sentir la chaude brise (bon, c’est pas une fraîche brise, mais ça demeure une brise bien appréciée quand rester immobile te fait suer des litres!), saluer les autres cyclistes (généralement des vieux dont le visage s’illumine quand tu les salues), pouvoir faire le chemin entre les bureaux de l’IPR et la villa tard le soir quand les routes sont désertes mis à part quelques animaux errants, revenir manger chez soi lorsque le soleil est au zénith et regarder défiler à une allure raisonnable les champs desséchés et les grands arbres ombrageux, apprécier au clair de lune la silhouette des palmiers et des acacias sans avoir peur qu’un chien te morde… la sensation est géniale.

Anecdote cocasse. Lundi dernier, je me rends, fidèle à mon habitude aux bureaux de l’IPR pour travailler sur mon devis de recherche histoire de me libérer la conscience au plus tôt, après un délicieux souper chez Modibo. J’y vais en vélo, parce que c’est plus rapide et rouler le soir dans la noirceur totale propre aux villages africains, c’est moins apeurant que de marcher. Je me rends à bon port non sans saluer quelques hommes couchés près des bureaux qui discutent et prennent le thé. Je m’attelle à la tâche, lorsque j’entends le vent se déchaîner à l’extérieur. Curieuse, je sors voir ce qui se passe. Une bourrasque poussiéreuse me frappe au visage. Je vois des tourbillons de sable danser dans les airs et, en m’éloignant du porche, je sens de petites gouttelettes de pluie me rafraîchir. Boooooom! Giga coup de tonnerre, et flash, quelques éclairs successifs me convainquent de retourner au plus vite dans la sécurité de ma villa.

Avec un empressement tout africain (i.e. absent), j’éteins tout, je mets ma lampe frontale et je pars. Les hommes sont allés se réfugiés sur une véranda. Je les salue rapidement et commence la course contre la montre afin d’éviter l’orage. FAIL! À peine sur la route, une pluie torrentielle m’attaque et décide que je ne me rendrai pas paisiblement à la maison. Coups de vents qui m’empêchent d’avancer, gouttes qui fouettent mon visage et me brûlent les yeux, branches qui me barre la route… les éléments n’ont pas tardé à exprimer leur colère d’avoir été réprimés si longtemps pendant la saison sèche. À peine ai-je commencé à braver les foudres de Zeus, que je vois approcher des yeux jaunes, à ma hauteur… Serai-je à la veille de tomber sur le diable? Sur un djinn? (il faut savoir qu’en Afrique, ces croyances sont toujours à la page et que des forces uniques et inexplicables semblent parfois à l’œuvre). Ouf, ce n’était qu’un âne égaré. Il m’a donné une bonne frousse tout de même!

J’arrive de peine et de misère à la maison, ayant mis le double ou le triple du temps habituel, en criant alhamdoulilah! Je suis trempée des pieds à la tête, j’ai les yeux épuisés puisque je les ouvrais en alternance pour voir ma route (avec ma lampe frontale qui éclaire à 2 pieds devant – heureusement plusieurs éclairs m’ont permis de mieux prévoir les obstacles, illuminant complètement le ciel et l’horizon), mais je me sens privilégiée : ce soir, c’était moi et moi seule en compagnie de ces forces déchaînées, un moment d’intenses émotions. Tout au long de la route, j’étais partagée entre ma soumission humble envers ces éléments, mon émerveillement devant la beauté à couper le souffle de ce puissant tableau nocturne, ma solitude étouffante et ma peur au ventre d’être foudroyée. Mais je suis là, ma ngi fi rek (je suis ici seulement en wolof – pardonnez-moi, mais mon bambara n’est pas encore au point!).

Ah, je suis si contente d’avoir enfin un vélo!!!