dimanche 10 juillet 2011

Des blancs en balade au balani

Samedi soir. Voilà plusieurs samedis bien tranquilles que l’on passe à Katibougou. C’est généralement très tranquille le samedi. Sauf qu’hier, Oumou et quelques femmes de son groupement avaient organisé un balani, une fête dansante pour les enfants. La fête devait débuter à 17h, mais la pluie l’a retardée jusqu’après le souper.  Belle coïncidence, les boubous que JF et moi avions commandés étaient prêts dans la même journée. Nous bravons donc la pluie pour nous rendre chez Oumou munis d’un sac contenant nos boubous.
On mange, comme à l’habitude, un délicieux repas. Oumou commence à se préparer. Elle sort, elle est magnifique avec son boubou en bazin brodé. Vers 21h, c’est à notre tour. Je vais me changer la première et je sors en même temps qu’arrive une des amies d’Oumou. La réaction est démesurée. Elles sont tellement contentes de me voir en boubou; elles crient, elles me tapent dans les mains, rient, me disent que je suis maintenant une vraie malienne… Au tour de JF. Même chose, son boubou brodé fait fureur. Nous prenons quelques photos et sommes prêts à partir. Tant qu’à être devenue malienne, je porte Aïssata au dos.
Arrivés au terrain de basket, on s’aperçoit, JF et moi, que mises à part les marraines de l’événement (i.e. Oumou et ses 3 amies), nous sommes vraiment trop habillés. En effet, la plupart des gens qui sont présents (surtout des jeunes) portent des vêtements occidentaux. Inutile de vous dire que l’arrivée des deux toubabs du campus vêtus de boubous et accompagnés des marraines de l’événement ne passe pas inaperçue. Oumou part saluer l’animateur, puis nous la perdons de vue. Nous restons bien sagement assis avec Aïssata et Ancien en attendant son retour et en nous disant « une chance qu’on est pas tout seul ». À un moment, l’animateur  qui parle en bambara semble prononcer le mot « toubabou ». Bon, on est peut-être paranoïaques… en fait, maintenant, tout le monde nous regarde. JF et moi échangeons un regard non sans un léger stress. Oumou revient, je lui demande qu’est-ce que l’animateur a dit. Elle me répond : « il a dit que vous alliez danser ». Gloups… (bruit de déglutition difficile).
Les danses se poursuivent. Ce sont surtout les jeunes filles (4 à 12 ans) qui dansent. Ensuite, c’est au tour de leurs comparses masculins. Ils sont vraiment impressionnants. À un certain moment, c’est au tour des femmes. Oumou se lève et me demande de l’accompagner. Prétextant le fait que je porte Aïssata au dos pour m’en sortir, elle finit par me laisser assise et part se trémousser au rythme de la musique.  Bientôt, c’est au tour des jeunes femmes. L’animateur, je ne sais pas comment il a su, appelle Audrey la toubab sur le dancefloor. Je me cache derrière Ancien afin d’éviter les clameurs de la foule. Il persévère et la musique ne commencera qu’une fois que j’aurai pris place dans une des deux lignes de jeunes femmes qui se font face. La musique commence. Je commence ma business non sans sentir les battements déchaînés de mon cœur. (Il faut noter ici qu’au Québec, je n’ai aucun complexe à danser, on m’attribue même un certain talent en danse, mais en Afrique, peu importe les compétences dans notre pays natales, il y a deux obstacles à la danse : les rythmes sont imprévisibles et inconnus et… je suis blanche! Cela provoque inévitablement l’hilarité des Africains qui me voient me trémousser).
À ma droite les deux filles face à face commencent à avancer vers le centre en dansant pour ensuite inverser leur place. Ma voisine le fait. C’est maintenant mon tour. Bien évidemment, cela n’échappe pas à l’attention de l’animateur qui m’encourage en hurlant mon nom.  Bon pis d’la shnoutt, je lui fais un shake d’épaules digne de ce nom. La foule explose!  Je reprends la place de ma vis-à-vis et continue à me balancer au son de la musique. Bon, la glace est brisée, mais je retourne vite m’asseoir dès que la chanson se termine.  L’animateur dit quelque chose en bambara. Je demande c’est quoi à Oumou, puisque j’ai entendu mon nom. Elle dit qu’il a dit que je sais danser. Fiou!
Après ma danse, la pression se fait de plus en plus sentir sur JF.  Un rythme hip hop réunissant les jeunes garçons commence. Après quelques instants, il s’élance et danse avec eux sous les yeux ébahis et réjouis de la foule. Bon, ça y est, les deux blancs ont dansé au balani. On reste. Je retourne plusieurs fois danser avec Oumou. Lorsqu’il est 23h, JF et moi partons porter Ancien qui dort paisiblement. En route, il accroche une de mes boucles d’oreille qui tombe. Je pose Ancien par terre et j’envoie JF chercher ma lampe frontale. Au cours de l’attente, un jeune homme passe. Je l’intercepte et lui demande de m’aider avec son portable à retrouver ma boucle. En Afrique, c’est comme ça. Pratiquement tout le monde peut se mêler de tes affaires et tu peux demander à pratiquement tout le monde de se mêler de tes affaires. Il la retrouve. Je le remercie chaleureusement et continue ma route. En chemin, je croise Ousmane qui porte toujours un manteau d’hiver (rappelez-vous qu’il a plus, donc la température a descendu sous la barre des 30 degrés, ce qui est FROID). Il prend Ancien et m’accompagne jusque chez Modibo. JF ressortait au même moment. Nous nous entendons pour nous retrouver à la villa plus tard.
Une fois douchée et changée, j’ai envie de retourner au balani continuer la fête avec Oumou. J’y vais. Je danse souvent et longtemps. Au cours d’une des danses, ma vis-à-vis aime rester longtemps au centre. J’ai donc dansé avec elle (un peu trop longtemps à mon goût) sous les encouragement de l’animateur, qui  m’a baptisée Audrey Coulibaly. Vers minuit et quart, je retourne voir les boys (JF, Ousmane et Malik) à la maison, mais je n’ai plus d’énergie, donc je ne tarde pas à aller au lit. J’ai fait de beaux rêves musicaux…

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