dimanche 26 juin 2011

À la guerre!

Hier soir, j’étais en train de lire, quand un bruit dérangeant d’insecte me sort de ma bulle. Il y avait trois genre de papillons tournant autour de ma lumière. D’instinct, pour les chasser, je vais allumer la lumière de la salle commune, ferme celle de ma chambre et fais du vent avec un morceau de vêtement pour les guider hors de ma chambre. Je retourne pénard lire, quand cinq de ces perce-oreilles montés sur des ailes de libellules (appelons-les les perce-libellules) reviennent déranger ma quiétude. Je sors de ma chambre et ô, malheur! J’aperçois des centaines et des centaines de ces insectes virevolter dans la grande salle. Il est près d’une heure du mat, mais j’appelle JF au secours : Jean-François, on est infestés! Il se lève, prend une espadrille, moi le balai et on commence le génocide.

Heureusement ces bêtes affreuses sont faciles à tuer et peuvent perdre leurs ailes, donc une fois au sol, on a l’avantage. Première tentative pour éviter un massacre, je ferme la lumière de la maison et ouvre la porte. Ô catastrosphe! Il y a des milliers et des milliers de ces perce-libellules qui tournoient autour du néon extérieur et qui entrent par toutes les ouvertures de la villa. Je commence à les tuer avant qu’elles n’entrent, mais elles sont toujours plus nombreuses, rappliquent avec ferveur pour un peu de clarté. Bien que j’en aie tuées près d’un millier à l’extérieur (on les tue à coup de vingtaines et j’étais assez fervente dans mon désir d’extermination), ça ne sert à rien. JF me somme de rentrer pour qu’on prenne en main la situation qui s’aggrave à l’intérieur. Le génocide continue. Près de deux cents perce-libellules ont été tués dans notre salle commune. Une demi-heure plus tard, on peut aller se recoucher, sachant que la grande majorité d’entre elles sont mortes (et on les a noyées dans un sceau d’eau, juste pour être certains!). Au petit matin, des milliers d’ailes translucides jonchaient notre véranda. Mais plus aucune de ces bestioles ne fut recensée à l’intérieur. Nous avons gagné la première bataille, mais a-t-on remporté la guerre??? À suivre…

Fête de fin d’année

Lundi dernier, c’était la fête de fin d’année scolaire de Mamie. Bien heureuse de pouvoir y assister, je me rends chez Oumou (sa mère) vers 16h. En sortant de chez eux, (Oumou portait Aïssata au dos), elle me désigne une vieille Jakarta. Me demandant comment Oumou (qui est plutôt bien portante et prend davantage d’espace avec une fillette au dos) et moi allions pouvoir cohabiter sur la petite moto, je lui suggère d’aller chercher la mienne, me disant que ce serait plus simple d’y aller sur deux destriers mécaniques. Communication interculturelle oblige, Oumou n’a pas compris ça et m’a répondu : Oui c’est mieux, votre moto est plus récente, plus sûre. Nous sommes donc parties, toutes les trois, chercher notre Jakarta afin que JE les conduise jusqu’à la fête. Assez stressée de conduire pour la première fois deux passagers et d’avoir la vie d’une fillette de 9 mois entre les mains (on garde ici en tête que je conduis une moto depuis moins de deux semaines à cette date!), je peux vous dire que j’étais TRÈS prudente et très attentive à la route. Heureusement, le chemin était court et aucune anicroche ne s’est produite. En route, j’apprends qu’Oumou n’a même pas de permis et qu’elle conduit, je me sens donc plus à l’aise d’être la conductrice désignée de l’événement.

Arrivées à la fête, on se trouve un siège parmi la soixantaine disposés en cercle et l’attente commence. J’observe. Des centaines d’enfants y sont, tous plus beaux les uns que les autres. Les jeunes filles ont des cauris dans les cheveux, les garçons rivalisent d’élégance et de dandysme. Des dizaines de jeunes s’agglutinent autour de moi, pour venir me serrer la main, caresser mes cheveux ou simplement pouffer de rire devant le fait qu’une toubab a crashé leur fête de fin d’école. Les techniciens préparent le son (ici, on préfère toujours le nombre des décibels à la qualité du son), les enfants jouent, courent, vont et viennent. Puis, à près de 17h30, le spectacle commence. Chorégraphies, lip synch, danses traditionnelles sont au rendez-vous. C’est vraiment mignon, mais très mal enchaîné. On peut attendre jusqu’à 30 minutes entre chaque numéro (4 en tout). L’attente est parfois agrémentée d’une danse improvisée d’enfants ou d’adultes. Malgré tout, j’y ai trouvé mon compte et pris plusieurs photos (mais pas de film… piles mourues! L ). Oumou trouvait que c’était très mal organisé, mais moi je trouvais que ça ressemblait à ce que j’avais généralement connu en Afrique… Je n’étais donc pas surprise, déçue ou outrée. Simplement, j’étais là. C’était bien aussi de passer un moment entre filles seulement. Je n’ai pas osé danser à cette fête (me sentant déjà comme le clou du spectacle), donc je me suis occupée d’Aïssata. Le retour s’est aussi bien passé en moto (alhamdoulilah!) et je crois qu’Oumou, Mamie, Aïssata et moi sommes toutes bien contentes d’avoir partagé cet agréable moment

Fun fact : nos liens entre Aïssata et moi se sont si bien développés au cours de cette journée que je peux maintenant la porter au dos, comme ma petite Diewo du Sénégal.


mercredi 22 juin 2011

Une journée dans la vie d’une stagiaire canadienne

J’ai pensé qu’il serait intéressant pour vous, qui pour la plupart n’avez pas mis le pied en Afrique, de vous partager quelques détails du quotidien d’une canadienne au Mali afin de meiux vous dépeindre certains détails cocasses ou enjôleurs de l’Afrique. Une tranche de vie quoi!

Aujourd’hui, samedi. 9h. Les yeux grands ouverts malgré le fait que je n’aie trouvé le sommeil qu’après les coups de 4h. La cause? Un heureux mélange de thé trop fort bu trop tard et de la chaleur accablante qui ne semble pas vouloir quitter mes appartements. Ah, et le cri démentiel d’un âne. Hi haaaaaaaaaan hi haaaaaaaaaaaaan. Damn you Donkey!

J’abdique : je soulève mon moustiquaire et me lève. Courte douche froide afin de me libérer des dernières chaleurs de la nuit et de me ragaillardir. JF est parti chercher du pain à la boutique pour notre ptit déj. Je mets une bouilloire sur le feu (une bombonne de propane qu’on allume avec des allumettes) histoire d’avoir de l’eau à boire dans les prochaines heures. Après le ptit déj, je pars à pied vers les bureaux de l’IPR voir si la rencontre hebdomadaire du samedi a lieu et m’essayer sur internet pour prendre des nouvelles de vous, et vous en donner.

Je prends le sentier qui traverse les champs, car c’est plus court… et plus exotique : palmiers, poules, chèvres, cocotiers sont de mise. Aussi, il y a moins de gens… quand on se lève d’une courte nuit et que l’énergie nous manque, c’est parfois indiqué. J’arrive au local de conférence. Deux stagiaires maliens y sont. Je les salue, m’enquière s’il y a une réunion, non. Je vais saluer Awa qui travaille dans la salle d’à côté, fais le tour pour voir si je n’ai oublié personne. Ah oui, Mouri, le sympathique homme à tout faire qui m’a baptisée Fanta. Je traverse ensuite une petite clairière pour me rendre aux locaux où j’ai (sporadiquement) accès à internet, non sans soigneusement éviter une marre de boue dans laquelle j’ai glissé et failli souiller mes vêtements hier soir.

La porte est barrée (ici on a une relation particulière avec les clés, qui démontrent une position, un pouvoir). Kaboro, l’homme en charge de tout ce qui est informatique sur le domaine de l’IPR n’a pas la clé (pourquoi? C’est mystérieux, lui-même ne peut pas vraiment expliquer … il devrait toutefois en recevoir une copie éventuellement, les démarches sont entamées… à suivre). On fait le tour du bâtiment ensemble afin d’aller voir si le secrétariat est ouvert (ils ont une copie). Non. Kaboro demande au gardien, qui lui dit que le directeur viendra dans 5 minutes. Il part chez lui, et moi j’attends. Peut-être 30 minutes. Peut-être plus. Le gardien vient ensuite ouvrir le secrétariat et « préparer la place » (ouvrir la clim, les fenêtres). Mes espoirs sont déçus, il ne me tend pas de clé. Je continue l’attente, moins longue cette fois; le directeur arrive, me tend la clé et pour des raisons logistiques, me la confie pour le week-end. Wow! Une promotion!!!!

J’ouvre (enfin!) le local près d’une heure trente après avoir quitté la maison. Coupure de courant. Damn! Je décide de faire un sit in et d’y rester jusqu’à ce que le courant revienne. Modibo arrive entretemps et nous travaillons efficacement sur nos projets de l’été. C’est motivant. L’expérience et les connaissances de ce professeur de l’IPR sont impressionnantes et son désir d’action me stimule et me ressemble davantage. On s’accorde pour dire qu’après 4 ans de discours et d’enquêtes, il est temps d’apporter des résultats concrets à ces paysans que l’on dérange chaque fois en saison des pluies.

Modibo part. Je reste un peu… à 13h, j’abdique en raison d’un ventre creux. Je retourne lentement sous le chaud soleil chez moi. Malik, notre ami et voisin est en grande discussion avec JF. Et j’apprends qu’on a un « coloc » pour la nuit, un professeur de l’IPR. Un peu confuse, je suis vite rassurée lorsque je vois à quel point M. Amadou Diarra est sympathique. Je quitte acheter des pâtes à la boutique pendant que JF commence à couper les oignons et faire bouillir l’eau. Devant l’entrée, je prends soin d’éviter les crottes fraîches laissées par l’âne. Ici, il y a des crottes de tout partout : de cheval, de chèvres, d’ânes, de chats, de chiens, de moutons, de vaches... On les évite du mieux qu’on peut quand elles sont fraîches (surtout qu’on est tous en gougounes!), mais au bout de quelques jours elles sont complètement sèches, donc c’est moins stressant! En chemin je salue tout le monde que je croise. La plupart me répondent, heureux d’être salués par une toubab. Certains m’ignorent (ça fait toujours un peu mal!). J’arrive à la boutique, salue tout le monde qui est assis à l’entrée, essaie de pratiquer mon bambara, procède à mes achats puis rentre, tranquillilou.

On mange pour la première fois en 2 semaines des pâtes avec de la garniture (i.e. pas blanches!). Miam! Elles sont vite englouties. Pendant cette razzia, des petits lézards courent un peu partout autour de nous et grimpent sur les murs de la maison. Les moutons de nos voisins passent faire leur visite quotidienne en passant par un trou dans la clôture, non sans bêler leurs expectatives. Je mets une nouvelle bouilloire sur le feu afin d’avoir plus d’une bouteille à réfrigérer. On fait ensuite la vaisselle, dans un gros bac que l’on place dans notre douche. On sue à grosse gouttes rien qu’à nettoyer le tout. Voulant envoyer à notre coordonnateur de l’UL les documents que nous avons rédigés, Modibo et moi, je prévois retourner m’essayer sur internet puisque le courant est revenu.

14h. La pluie commence. Elle se déchaîne. Une pluie torrentielle en dessous de laquelle personne ne s’aventure. Elle dure. Tant pis pour internet. Après avoir contemplé un long moment la force des éléments et la beauté de ce paysage sonore, je vais lire dans ma chambre, puis m’assoupie. Vers 17h je me réveille et JF et moi décidons d’appeler notre ami Koné, un stagiaire de l’IPR qui voulait nous inviter à prendre le thé. Comme la pluie est finie, on peut y aller. Il vient nous chercher, nous passons en route devant le terrain de basket où j’ai tant de plaisir à suer ma vie. J’aurais bien aimé jouer aujourd’hui, mais j’ai une invitation, on se reprendra demain, inch’Allah!

L’accueil de la maisonnée est chaleureux. Les discussions vont bon train. Le thé est délicieux. Un petit garçon part en courant acheter des arachides à la boutique. Elles agrémentent bien le thé. Je joue avec une jolie petite fille. Elle fouille dans mon sac, touche mes cheveux, prend mon foulard. À un certain moment, je sens quelque chose de chaud sur mon pied. Elle me pisse dessus! Je le retire bien vite, mais le mal est fait!!! Je vais me rincer les pieds à l’aide d’une bouilloire en plastique que la mère de famille m’a remplie. Elle vient sur le rocher balayer l’urine de sa fille en y jetant de l’eau, pour diluer le tout. J’essaie tant bien que mal de l’aider, mais on ne me laisse pas faire.

19h. Il est l’heure de partir, car on nous attend pour le souper. Koné nous accompagne jusque chez Modibo. Ici c’est comme ça. On ne laisse pas les gens rentrer seuls; on les accompagne jusqu’à leur destination finale. En chemin, on croise notre voisin Ousmane qu’on a eu du mal à reconnaître parce qu’il porte un manteau d’hiver. Il faut dire que la pluie a refroidi le climat, mais il fait encore au moins 30 degrés!

Arrivée chez Modibo, Ancien me saute dans les bras, veut que je le balance. Oumou est en train de coiffer les jeunes filles de la maisonnée (sa nièce et une aide-ménagère qui ont une soirée). Mamie est magnifique avec ses nouvelles tresses parsemées de cauris, des petits coquillages qui ont longtemps servi de monnaie en Afrique de l’Ouest, faites spécialement pour la fête de fin d’année. Je joue un peu avec Aïssata, mange un délicieux repas malien (du niébé avec une sauce aux oignons), discute un peu avec Modibo, puis pars avec JF, car on s’est dit qu’on réessayerait internet, comme la connexion fonctionne aujourd’hui. En chemin on croise Koné, qui nous accompagne afin qu’on lui montre comment se servir de Google Scholars.

Dans cette noirceur enveloppante, on prend le goudron. Le faible faisceau de ma lampe a du mal à nous indiquer tous les obstacles : crapauds écrasés, branches d’arbres, crottes de ci, crottes de ça, crottes de ci et ça. On arrive tout de même indemnes ET la connexion fonctionne! Wow! Après quelques temps à surfer sur le net, je suis prête à partir, mais pas mes collègues. Je les attends un peu, puis la pluie commence. Je suis donc confinée à rester là. Je m’invente quelques trucs à faire. La plus grosse araignée que vous pouvez imaginer (genre plus de 15 centimètres) passe furtivement à quelques centimètres de mes pieds. Je crie et me lève en sursaut. Koné, ahuri, lorsqu’il comprend la cause de mes cris enlève sa sandale et part à la recherche de la fautive, qui se promène un peu partout dans la pièce, insaisissable, puis s’évapore dans la nature. Je reprends là où j’étais.

Une heure plus tard, panne de courant. Bon, bien on va partir. Heureusement la pluie a cessé (ou presque). Les arbres majestueux s’essorent sur nous et leurs feuilles humides frétillent. Le chemin du retour se fait avec un léger stress : la foudre tombe par deux fois sur des poteaux électriques à côté de nous, de sorte que nous voyons les flammèches. Le ciel, souvent illuminé d’éclairs, est magnifique. Des serpents lumineux se tortillent çà et là dans le firmament malien. Parfois, c'est la voûte céleste au complet qui s’illumine dans des teintes de mauve et d’oranger, pour une seconde ou deux. J’ai souvent vu des orages dans ma vie, mais autant d’éclairs à la minute, c’est une première.

12h30. On arrive enfin indemnes à la villa. Je me rince les pieds dans une flaque d’eau (la plupart des chemins sont en terre et, après la pluie, en bouette!) et entre. Je fais bouillir de l’eau, encore. Me lave, pour la 4e fois de la journée (cette chaleur!), descends ma moustiquaire, branche mon ventilo et écris ces quelques lignes. Bonne nuit!

vendredi 17 juin 2011

Roule, roule, roule…

Jeudi dernier, Gabriel Demebélé, le directeur du projet pour lequel nous travaillons, nous appelle, pimpant de bonheur. Un peu surpris par cette joie inattendue (il faut dire qu’il est un de ces Africains atypiques qui ne se perd pas en conjectures et qui a l’habitude d’aller droit au but), nous nous rendons, comme convenu à son bureau. Ô joie, on nous présente le vieux vélo d’un des premiers stagiaires remis en état de marche. Enfin, nous aurons un peu plus d’indépendance pour aller acheter nos légumes à Koulikoro sans se fait carboniser pendant 2h sous le soleil.

Depuis je découvre les joies du vélo telles que je n’aurais pu les connaître au Québec : rouler et sentir la chaude brise (bon, c’est pas une fraîche brise, mais ça demeure une brise bien appréciée quand rester immobile te fait suer des litres!), saluer les autres cyclistes (généralement des vieux dont le visage s’illumine quand tu les salues), pouvoir faire le chemin entre les bureaux de l’IPR et la villa tard le soir quand les routes sont désertes mis à part quelques animaux errants, revenir manger chez soi lorsque le soleil est au zénith et regarder défiler à une allure raisonnable les champs desséchés et les grands arbres ombrageux, apprécier au clair de lune la silhouette des palmiers et des acacias sans avoir peur qu’un chien te morde… la sensation est géniale.

Anecdote cocasse. Lundi dernier, je me rends, fidèle à mon habitude aux bureaux de l’IPR pour travailler sur mon devis de recherche histoire de me libérer la conscience au plus tôt, après un délicieux souper chez Modibo. J’y vais en vélo, parce que c’est plus rapide et rouler le soir dans la noirceur totale propre aux villages africains, c’est moins apeurant que de marcher. Je me rends à bon port non sans saluer quelques hommes couchés près des bureaux qui discutent et prennent le thé. Je m’attelle à la tâche, lorsque j’entends le vent se déchaîner à l’extérieur. Curieuse, je sors voir ce qui se passe. Une bourrasque poussiéreuse me frappe au visage. Je vois des tourbillons de sable danser dans les airs et, en m’éloignant du porche, je sens de petites gouttelettes de pluie me rafraîchir. Boooooom! Giga coup de tonnerre, et flash, quelques éclairs successifs me convainquent de retourner au plus vite dans la sécurité de ma villa.

Avec un empressement tout africain (i.e. absent), j’éteins tout, je mets ma lampe frontale et je pars. Les hommes sont allés se réfugiés sur une véranda. Je les salue rapidement et commence la course contre la montre afin d’éviter l’orage. FAIL! À peine sur la route, une pluie torrentielle m’attaque et décide que je ne me rendrai pas paisiblement à la maison. Coups de vents qui m’empêchent d’avancer, gouttes qui fouettent mon visage et me brûlent les yeux, branches qui me barre la route… les éléments n’ont pas tardé à exprimer leur colère d’avoir été réprimés si longtemps pendant la saison sèche. À peine ai-je commencé à braver les foudres de Zeus, que je vois approcher des yeux jaunes, à ma hauteur… Serai-je à la veille de tomber sur le diable? Sur un djinn? (il faut savoir qu’en Afrique, ces croyances sont toujours à la page et que des forces uniques et inexplicables semblent parfois à l’œuvre). Ouf, ce n’était qu’un âne égaré. Il m’a donné une bonne frousse tout de même!

J’arrive de peine et de misère à la maison, ayant mis le double ou le triple du temps habituel, en criant alhamdoulilah! Je suis trempée des pieds à la tête, j’ai les yeux épuisés puisque je les ouvrais en alternance pour voir ma route (avec ma lampe frontale qui éclaire à 2 pieds devant – heureusement plusieurs éclairs m’ont permis de mieux prévoir les obstacles, illuminant complètement le ciel et l’horizon), mais je me sens privilégiée : ce soir, c’était moi et moi seule en compagnie de ces forces déchaînées, un moment d’intenses émotions. Tout au long de la route, j’étais partagée entre ma soumission humble envers ces éléments, mon émerveillement devant la beauté à couper le souffle de ce puissant tableau nocturne, ma solitude étouffante et ma peur au ventre d’être foudroyée. Mais je suis là, ma ngi fi rek (je suis ici seulement en wolof – pardonnez-moi, mais mon bambara n’est pas encore au point!).

Ah, je suis si contente d’avoir enfin un vélo!!!

Une motarde toubab

Qui l’eut cru? Je suis maintenant conductrice chevronnée d’une moto, une Jakarta, comme on les appelle ici. C’est comme un scooter, mais avec plus de style et de puissance. Lundi, la coordonnatrice du Projet, qui était partie en mission depuis notre arrivée avec la Jakarta est revenue et a donc mis à notre disposition la moto. Ne sachant pas comment la conduire jusque chez nous, ni JF ni moi, nous avons convenu avec M. Dembélé qu’il la garderait chez lui pour la journée (afin d’éviter les vols – il y a une psychose des vols ici) jusqu’à notre premier cours (lorsque le soleil serait moins cuisant, vers les coups de 17h). À l’heure, Kaboro vient nous chercher à tour de rôle, nous les toubabs, pour nous conduire sur notre future moyen de transport jusqu’à un espace vague près de chez nous. Quelques considérations pratiques (genre comment on l’allume, comment on change les vitesses, etc.) puis on commence la conduite. C’est plutôt facile et pas trop paniquant, surtout quand il n’y a aucune circulation.

On a fait des exercices de contrôle seul en selle, puis avec un passager. Nous avons ensuite fait le tour du campus. Au début, je n’étais pas sûre de vouloir l’utiliser (vous connaissez mon amour pour le vélo – voir épisode précédent). Mais hier soir, en raison de circonstances particulières, je l’ai conduite (avec JF comme passager, ce qui cause l’hilarité des Maliens de voir une femme conduire un homme) en soirée. Commençant à goûter aux plaisirs de la moto à l’approche de notre villa, j’ai décidé de bifurquer et de prendre le goudron, pour me gâter un peu : pour le plaisir de sentir le vent me fouetter le visage et me rafraîchir. C’était bien drôle de voir et d’entendre les réactions des Maliens (malgré tout, plusieurs Maliennes conduisent des motos, c’est juste plus rare que leur passager soit masculin!).

En arrivant chez nous, on  débarque et on ouvre la grille, puis comme je ne suis pas assez forte pour monter la moto sur la galerie, je décide de la mettre en marche pour que sa puissance m’aide à la faire monter les marches. Mauvaise idée. Elle s’est emballée et, bien que rendue au sommet tel que souhaité), elle m’a glissé des mains et est tombée dans un fracas infernal, sous les yeux hébétés de mes voisins qui chillaient dans leur cour arrière. So much pour mon orgueil! Notre ami Ousmane est venu voir si tout était ok et nous a aidés à reconnecter les bougies d’allumage. Donc aucun dégât et personne n’est blessé, à part mon orgueil qui souhaitait montrer aux Maliens que les femmes aussi pouvaient conduire. Elles le peuvent, elles n’ont juste pas la force de monter la moto sur la galerie, pour la ranger dans la maison (psychose sur les vols).

vendredi 10 juin 2011

Une nouvelle Mamie dans ma vie

Une nouvelle Mamie dans ma vie

Modibo et sa femme, Moussada (ou Oumou), ont eu la gentillesse de faciliter notre séjour et notre intégration en nous invitant à prendre le souper, chaque soir, avec eux. En fait, comme souvent au Sénégal, il semble que l’homme de la maison et les invités aient droit à un traitement de faveur. Lorsque nous nous attablons face au téléviseur, tout est prêt. Ne reste qu’à soulever le couvercle des chaudrons et humer les douces odeurs qui s’échappent des plats concoctés par Oumou (ou ses aide-ménagères?). Ce rituel est plaisant, car il nous ouvre une porte sur la culture malienne, nous qui vivons dans notre bulle canadienne, dans notre villa réservée. Plats maliens, rituels du soir maliens (écouter un feuilleton brésilien et journal de 20h), parfois un thé, lorsque l’on réussit à veiller jusque-là, discussions avec Modibo ou son frère Drahman…

Cette famille, ce sont littéralement des anges. Ils me rappellent la chance que j’avais eue au Sénégal de tomber sur une famille attachante, me permettant de me familiariser avec la culture, m’en apprenant sur sa langue et me faisant découvrir fièrement son pays. Évidemment, aucune famille ne pourra jamais occuper la même place qu’occupent les Diawara dans mon cœur, mais je m’estime encore une fois chanceuse de pouvoir être initiée par d’aussi bonnes et attachantes personnes à un autre volet de la culture africaine. Par contre, mon coup de cœur, vous vous en douterez, ce sont les enfants de Modibo.

Il y a Aïssata, 9 mois, qui n’a jamais eu peur de moi, la toubab, bien qu’elle soit parfois incertaine lorsque je la prends dans mes bras. Il y a Ancien (son vrai nom m’échappe, mais son homonyme est un ancien combattant, d’où le sobriquet), 3-4 ans, dynamique, explosif, insaisissable. Finalement, il y a Mamie, 6-7 ans. Oui Mamie, comme ma petite sœur adorée du Sénégal. Ma petite sœur du Sénégal que j’ai vue grandir au fil de mes vacances passées là-bas. Ma petite sœur à qui je pense tous les jours…

Outre une certaine ressemblance physique entre ces deux Mamie, j’ai le plaisir de l’apprivoiser en prenant des photos d’elles et en apprenant à compter en bambara avec elle, à l’instar de son homologue sénégalaise. De l’ignorance feinte des débuts, elle nous attend maintenant sur le perron chaque soir, pour nous serrer fièrement la main, en guise de bienvenue et nous salue jusqu’à ce que nous tournions le coin de la rue lorsque nous partons. Je sais déjà qu’elle va devenir ma complice et qu’elle fera partie des raisons qui m’empêcheront de quitter le Mali stoïque… J’ai une nouvelle Mamie dans ma vie.

Une ballade loin loin loin au bout dla chose

Lors d’un après-midi torride, alors qu’ils croyaient profiter de leur après-midi pour discuter avec le coordonnateur du projet, deux Canadiens ont décidé de meubler leur horaire soudain vide par une ballade aux alentours de Katibougou. Vers 14h, alors que le soleil est au zénith, et la chaleur à son paroxysme, ils étaient fins prêts à partir. En êtres prudents, ils prirent le goudron (la route asphaltée) dans la seule direction qu’ils ne connaissent : Koulikoro. Y ayant mis les pieds lors de leur périple au marché pour se procurer biens essentiels la veille, ils se disaient que ça pourrait être amusant de longer cette route qui dévoile parfois le mystique, mais surtout essentiel à la vie, fleuve Niger.

Après avoir joyeusement (et trop rapidement à leur goût) traversée la route ombrageuse de l’IPR bordée de grands arbres majestueux, ils s’exposèrent aux rayons cruels de l’impitoyable soleil malien. Bien pourvus en eau, cela ne les inquiéta guère. Après une trentaine de minutes de marche, l’occasion se présenta de bifurquer vers la gauche, en direction du fleuve qui, jusque-là, s’était dérobé à leurs yeux. Le spectacle qu’ils observèrent les convainquit de tenter l’aventure et de descendre la petite falaise qui les séparait de la rive sablonneuse. Une traînée bleutée, parsemée d’îlots vers ou ocre, grouillante de vie, conduisant paisiblement les pirogues s’était dévoilée. La marche sur la rive semblait constituer leur première vraie expérience du Mali. Les femmes qui portaient l’eau, le sable ou la lessive sur leur tête répondaient, souriantes, à leurs salutations balbutiées en bambara. Les hommes trop affairés à cueillir le précieux sable qui servira à construire leur pays, croisaient rarement leur chemin, mais s’illuminaient lorsqu’ils étaient salués et répondaient avec plaisir. Çà et là, à l’ombre d’un arbre ou d’une hutte en feuilles de palmier, des petits groupes mangeaient, rassemblés autour d’un unique plat.

Les Canadiens marchèrent, marchèrent, jusqu’à ce que leur route soient barrée. Alors ils retournèrent sur le goudron et continuèrent leur avancée. Leurs réserves d’eau s’amenuisaient et la chaleur cuisante refusait de s’écouler en même temps que les heures. Ils parvinrent finalement à l’orée de Koulikoro Gare (sans le savoir), achetèrent une bouteille d’eau froide et décidèrent que cette récompense était suffisante et qu’ils pouvaient rebrousser chemin. Chemin faisant, ils découvrirent que le marché du dimanche de Koulikoro Ba s’était soustrait à leur itinéraire en raison de leur détour par le rivage. Quelle ne fut pas leur surprise, eux qui croyaient avoir mis une croix sur ce fameux marché, étant déjà épuisés et sachant qu’ils devraient parcourir la même distance pour retrouver le confort de leurs pénates, de trouver celui-ci sur leur chemin. Que de pas parcourus en vain dans la cocotte-minute de l’après-midi! Ils en profitèrent pour traverser le marché et acheter quelques condiments, n’ayant pas vraiment besoin de rien. Il faut dire que leur arrivée en Afrique leur avait crié combien on peut vivre décemment avec peu et combien de choses « essentielles » en Occident sont plus que superflues au Mali, et dans bien d’autres pays. C’est donc humblement et avec la curiosité du profane qu’ils traversèrent le souk.

La Canadienne, forte de son expérience sénégalaise, fut déroutée par la liberté avec laquelle elle put circuler, sans que l’on s’adresse à elle, la toubab, pour sortir les CFA, pour solliciter son attention. C’est donc le pas léger et avec une aisance jusque-là inconnue qu’elle put parcourir les allées ombragées (quel soulagement!) du marché africain. Lorsque l’occasion se présenta, les deux Canadiens décidèrent de retourner dans la tranquillité grouillante du rivage. Ils virent des femmes et des enfants se laver ou faire la lessive et des familles entières pelleter de la pirogue vers la rive le sable qui sera ensuite transporté par les hommes vers des camions. Tous, hommes, enfants et femmes avec bébé au dos semblaient affairés à la tâche. Malgré l’effervescence, la Canadienne ne put s’empêcher de ressentir l’apaisement que ce panorama vivant offrait. Vint le moment où ils durent regagner le goudron. Ils savaient que la route était encore bien longue avant qu’ils ne puissent offrir un repos digne de ce nom à leurs pieds crispés dans leurs gougounes. Chemin faisant, ayant perdu de leur hardiesse, ils en profitèrent pour acheter de la salade à une sympathique dame et quelques « crèmes » (sachet de jus congelés) rafraichissantes. Vint enfin la pancarte de bienvenue de l’IPR, les bâtiments connus, les champs familiers et, finalement, leur villa. Ils y échouèrent, lessivés, n’ayant ni la force de discuter de la beauté de leur découverte ni celle d’entamer toute autre activité. Près de 4h avaient coulés, lentement, chaudement, comme le fleuve Niger qui avait été compagnon et muse de leur route.

Quelques photos furent prises par la Canadienne, mais aucune d’elles ne pourra rendre l’état d’âme du moment, la sensation d’être suspendu dans le temps, ni la force contradictoire des émotions vécues. Tant de gentillesse, tant de beauté, tant de vigueur pour si peu. Des enfants qui n’allaient pas à l’école (était-ce parce qu’on était dimanche? elle en doute…). Fière d’avoir bravé les éléments, elle ne pouvait oublier la force avec laquelle ces gens les bravaient chaque jour pour aligner les quelques 2$ moyens par jour avec lesquels ils vivent. Pourtant, ils semblent que ces gens soient riches d’autres biens, immatériels ceux-là. Ce sont ces bien qu’elle tentera d’acquérir, au cours des prochains mois, afin de les partager avec vous, gens importants de sa vie.

Souhaitez-lui bonne chance dans sa quête…

Débuts maliens

Après de longues heures de vol, d’escale et d’attente due à un problème technique qui nous a fait croire qu’on allait devoir changer d’avion une fois l’embarquement complété et une attentes de plus de 2 heures sur le tarmac de Charles-de-Gaulle (on a même eu droit à un snack de courtoisie !), nous sommes enfin arrivés au Mali. À l’aéroport, comme toujours, le bordel africain. Tout le monde se dépasse, ça se bouscule, ça crie, on te dit 3 fois de changer de file, attente de plus d’une heure pour les bagages… Ouf, enfin sortis, Modibo, un professeur de l’IPR qui complète une maîtrise en agroforesterie à l’Université Laval nous accueille chaudement. Après 7 tentatives pour retirer des CFA, on abdique et on rentre à l’hôtel. La route est intéressante. Ça ressemble beaucoup au Sénégal, mais l’architecture semble plus arabe. Il est près d’une heure du matin et nous avons tous trois le ventre creux. Modibo réussit à convaincre la voisine qui rangeait sa cantine de nous servir un petit quelque chose (bananes et pommes de terres frites).

Le lendemain, ma formation commence. Des sommités de partout en Afrique de l’Ouest et quelques une des Amériques sont présentes à ce séminaire. Les discussions sont intéressantes et Modibo et moi faisons pâle figure face à l’expérience de ces gens. Malgré une fatigue intenable, la journée est enrichissante et j’en apprends beaucoup sur les conventions locales (des ententes villageoises, inter-villageoises ou communales pour protéger un territoire et gérer d’une certaine façon les ressources naturelles qui s’y trouvent). Jeudi, journée visite sur le terrain. Après près de 2 heures de route dans un bus suffocant, nous arrivons à la première zone de mise en défens. Dans l’autobus, certains participants s’écrient à la blague qu’ils ne descendront pas, puisque le garde a un fusil. Comme de fait, un chasseur pygmée accoutré traditionnellement et armé d’une carabine pratiquement plus grande que lui nous accueille. Discussion avec les vieux sages du village et le chasseur afin de mieux comprendre le fonctionnement de cette convention locale. La visite est très intéressante et nous apprenons, ravis, que des espèces disparues ailleurs revivent dans cette zone.

Après une longue heure de route cahoteuse, nous arrivons au second village. Les responsables que nous devions rencontrer sont introuvables, donc après quelques longues minutes à ne pas savoir sur quel pied danser sous le chaud soleil de midi, nous partons vers le troisième et dernier site. En route, notre chauffeur d’autobus s’arrête à mi-parcours, refusant d’aller plus loin puisqu’il risque de briser son bus (on lui avait dit qu’il resterait sur l’asphalte!). On décide donc de partir à pied à l’heure la plus chaude de la journée, le ventre vide et peu d’eau en main puisqu’on nous dit que le site ne serait qu’à 2 km (finalement, c’était plutôt 8…). Quelques participants partent en 4x4. Après plus de 30 minutes de marche, les 4x4 ne sont toujours pas venus chercher le reste des participants. Nous continuons notre pénible avancée vers l’inconnu jusqu’à ce que les véhicules viennent nous chercher (yééééé!). Arrivés là-bas, on mange un petit lunch (yéééé!) assis par terre dans les épines sous pas vraiment d’ombre (qu’importe, on est assis et on mange!!!), on boit beaucoup d’eau, puis en route pour la visite! Ce fut bien intéressant, mais la propension africaine à discuter beaucoup trop longuement de choses et d’autres sans rapport avec le but de la visite fait en sorte que nous n’approfondissons pas le sujet comme nous l’aurions souhaité qu’il est déjà temps de partir (nous avons déjà plus de 2h de retard sur notre horaire!).

Troisième journée de formation plus légère, mais par moments interminables pour deux raisons. D’abord, ayant pris du retard, nous devons le rattraper. Cependant, trouver le consensus pour savoir comment nous allons rattraper le retard (consacrons nous 5 ou 10 minutes à cet atelier?) prend davantage de temps que le retard lui-même. Malgré les multiples mois passés en Afrique, dans des moments comme ça, la Canadienne que je suis ne peut d’empêcher de soupirer. Deuxièmement, dans les ateliers en sous-groupes, nous avons un délai fixe et un nombre de questions à répondre, mais nous passons plus de temps à discuter sur la formulation de la question, puis sur la discussion portant sur la formulation de la question qu’à y répondre à cette satanée question. Malgré tout, on en ressort toujours avec le sourire, car les Africains tournent ce genre de situation à la blague et s’adressent aux toubabs en nous disant « Vous voyez, c’est comme ça l’Afrique, on ne peut s’empêcher de parler, il faut des préambules! »… Vrai, et adorable, certes, mais je comprends parfois pourquoi certains projets aussi prometteurs soient-ils et pour qui des personnes aussi compétentes soient-elles n’avancent pas comme prévu….

Fin de la formation, salutations joyeuses et Modibo et moi quittons Bamako (non sans passer par des kilomètres et des kilomètres de marché). La route vers Katibougou est bien jolie, longeant le fleuve Niger et les forêts de manguiers. Le campus de l’IPR est à quelques centaines de mètre du fleuve et est immense. Le calme règne mis à part le cri d’un âne plusieurs fois dans la nuit.

Ce matin, Modibo nous a accompagnés, JF et moi au marché de Koulikoro (la plus grosse ville aux alentours) histoire d’acheter ce qu’il nous manquait pour être de bons Maliens (i.e. faire notre lavage à la main, cuisiner, etc.). Après une cure de jouvence de la villa où on demeure, on a laissé couler le reste de l’après-midi torride en savourant le bonheur d’être couché sur une natte ou confortablement assis sur une dure chaise de plastique dans notre cour intérieure, en écoutant de la musique, perdus dans nos pensées. Je me suis réellement sentie en Afrique aujourd’hui, quand, apaisée, je contemplais le moment, les gens, le ciel, le vent dans les arbres, et ne pensais à rien… Je me suis rappelée ce qui me manquait!!!

Les premiers jours au Mali ont été plutôt remplis, mais les prochains semblent promettre un rythme plus africain… à suivre!