vendredi 10 juin 2011

Débuts maliens

Après de longues heures de vol, d’escale et d’attente due à un problème technique qui nous a fait croire qu’on allait devoir changer d’avion une fois l’embarquement complété et une attentes de plus de 2 heures sur le tarmac de Charles-de-Gaulle (on a même eu droit à un snack de courtoisie !), nous sommes enfin arrivés au Mali. À l’aéroport, comme toujours, le bordel africain. Tout le monde se dépasse, ça se bouscule, ça crie, on te dit 3 fois de changer de file, attente de plus d’une heure pour les bagages… Ouf, enfin sortis, Modibo, un professeur de l’IPR qui complète une maîtrise en agroforesterie à l’Université Laval nous accueille chaudement. Après 7 tentatives pour retirer des CFA, on abdique et on rentre à l’hôtel. La route est intéressante. Ça ressemble beaucoup au Sénégal, mais l’architecture semble plus arabe. Il est près d’une heure du matin et nous avons tous trois le ventre creux. Modibo réussit à convaincre la voisine qui rangeait sa cantine de nous servir un petit quelque chose (bananes et pommes de terres frites).

Le lendemain, ma formation commence. Des sommités de partout en Afrique de l’Ouest et quelques une des Amériques sont présentes à ce séminaire. Les discussions sont intéressantes et Modibo et moi faisons pâle figure face à l’expérience de ces gens. Malgré une fatigue intenable, la journée est enrichissante et j’en apprends beaucoup sur les conventions locales (des ententes villageoises, inter-villageoises ou communales pour protéger un territoire et gérer d’une certaine façon les ressources naturelles qui s’y trouvent). Jeudi, journée visite sur le terrain. Après près de 2 heures de route dans un bus suffocant, nous arrivons à la première zone de mise en défens. Dans l’autobus, certains participants s’écrient à la blague qu’ils ne descendront pas, puisque le garde a un fusil. Comme de fait, un chasseur pygmée accoutré traditionnellement et armé d’une carabine pratiquement plus grande que lui nous accueille. Discussion avec les vieux sages du village et le chasseur afin de mieux comprendre le fonctionnement de cette convention locale. La visite est très intéressante et nous apprenons, ravis, que des espèces disparues ailleurs revivent dans cette zone.

Après une longue heure de route cahoteuse, nous arrivons au second village. Les responsables que nous devions rencontrer sont introuvables, donc après quelques longues minutes à ne pas savoir sur quel pied danser sous le chaud soleil de midi, nous partons vers le troisième et dernier site. En route, notre chauffeur d’autobus s’arrête à mi-parcours, refusant d’aller plus loin puisqu’il risque de briser son bus (on lui avait dit qu’il resterait sur l’asphalte!). On décide donc de partir à pied à l’heure la plus chaude de la journée, le ventre vide et peu d’eau en main puisqu’on nous dit que le site ne serait qu’à 2 km (finalement, c’était plutôt 8…). Quelques participants partent en 4x4. Après plus de 30 minutes de marche, les 4x4 ne sont toujours pas venus chercher le reste des participants. Nous continuons notre pénible avancée vers l’inconnu jusqu’à ce que les véhicules viennent nous chercher (yééééé!). Arrivés là-bas, on mange un petit lunch (yéééé!) assis par terre dans les épines sous pas vraiment d’ombre (qu’importe, on est assis et on mange!!!), on boit beaucoup d’eau, puis en route pour la visite! Ce fut bien intéressant, mais la propension africaine à discuter beaucoup trop longuement de choses et d’autres sans rapport avec le but de la visite fait en sorte que nous n’approfondissons pas le sujet comme nous l’aurions souhaité qu’il est déjà temps de partir (nous avons déjà plus de 2h de retard sur notre horaire!).

Troisième journée de formation plus légère, mais par moments interminables pour deux raisons. D’abord, ayant pris du retard, nous devons le rattraper. Cependant, trouver le consensus pour savoir comment nous allons rattraper le retard (consacrons nous 5 ou 10 minutes à cet atelier?) prend davantage de temps que le retard lui-même. Malgré les multiples mois passés en Afrique, dans des moments comme ça, la Canadienne que je suis ne peut d’empêcher de soupirer. Deuxièmement, dans les ateliers en sous-groupes, nous avons un délai fixe et un nombre de questions à répondre, mais nous passons plus de temps à discuter sur la formulation de la question, puis sur la discussion portant sur la formulation de la question qu’à y répondre à cette satanée question. Malgré tout, on en ressort toujours avec le sourire, car les Africains tournent ce genre de situation à la blague et s’adressent aux toubabs en nous disant « Vous voyez, c’est comme ça l’Afrique, on ne peut s’empêcher de parler, il faut des préambules! »… Vrai, et adorable, certes, mais je comprends parfois pourquoi certains projets aussi prometteurs soient-ils et pour qui des personnes aussi compétentes soient-elles n’avancent pas comme prévu….

Fin de la formation, salutations joyeuses et Modibo et moi quittons Bamako (non sans passer par des kilomètres et des kilomètres de marché). La route vers Katibougou est bien jolie, longeant le fleuve Niger et les forêts de manguiers. Le campus de l’IPR est à quelques centaines de mètre du fleuve et est immense. Le calme règne mis à part le cri d’un âne plusieurs fois dans la nuit.

Ce matin, Modibo nous a accompagnés, JF et moi au marché de Koulikoro (la plus grosse ville aux alentours) histoire d’acheter ce qu’il nous manquait pour être de bons Maliens (i.e. faire notre lavage à la main, cuisiner, etc.). Après une cure de jouvence de la villa où on demeure, on a laissé couler le reste de l’après-midi torride en savourant le bonheur d’être couché sur une natte ou confortablement assis sur une dure chaise de plastique dans notre cour intérieure, en écoutant de la musique, perdus dans nos pensées. Je me suis réellement sentie en Afrique aujourd’hui, quand, apaisée, je contemplais le moment, les gens, le ciel, le vent dans les arbres, et ne pensais à rien… Je me suis rappelée ce qui me manquait!!!

Les premiers jours au Mali ont été plutôt remplis, mais les prochains semblent promettre un rythme plus africain… à suivre!

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