mardi 2 août 2011

Loin de chez moi

Mardi dernier, début de palu. Je me réveille après une nuit entrecoupée par les vomissements, avec l’impression qu’un 10 roues m’est passé sur le corps. J’ai deux SMS. Un de Gareb, qui était avec Garan et moi quand mes vomissements ont commencé la veille, qui s’enquière de ma santé, et un de Mahamat, qui dort dans la même chambre que Gareb et qui est inquiet d’avoir appris mon état. Je leur réponds que ça va mieux, même si je me sens brûlante de fièvre et si fatiguée que je ne peux rien faire (en Afrique, ça ne se dit pas qu’on va mal). J’ai malgré tout tenté d’aller travaillé, ce qui fut vain parce dès que je fus assise dans le bureau de Modibo, les étourdissements et les nausées ont eu raison de moi et je suis retournée à la maison. Avant la crise, j’avais croisé Mahamat qui s’en retournait chez lui car les cours étaient annulés (le prof ne s’est jamais présenté) et qui me demandait de le tenir informé de mon état. Quand il a su que je retournais à la maison, il est passé voir si tout était correct et si j’avais besoin de quelque chose. Plus tard, c’est Ousmane qui est venu me voir et qui a accompagné JF à la recherche d’un traitement antipaludéen. Pour le dîner, JF m’a préparé une soupe poulet et nouilles, histoire de me réconforter un peu. Un peu plus tard, c’est Garan avec un de ses amis qui est passé voir comment j’allais et, encore un peu plus tard, c’est Koné, alerté par Garan qui est venu, puis finalement Malik. Tout au long de la journée, Gareb et Mahamat m’ont envoyé des SMS pour me changer les idées et pour savoir ma température était à combien. Ils sont également venus en soirée, s’assurer que tout allait. Il y a eu Bintou aussi, avisée par Garan qui m’a écrit pour me souhaiter bonne guérison.

Cette journée, même si je l’ai trouvée difficile en raison de mon état, m’a tellement fait chaud au cœur. Tous ces gens, qui me connaissent depuis moins de deux mois et qui s’inquiétaient sincèrement de mon état, me disaient tous être à ma disposition pour me tenir compagnie ou m’aider en cas de besoin. Je ne sais pas si ce sont les comprimés ou les pensées positives, mais le mercredi je me suis réveillée bien en forme avec pour seule séquelle une légère fatigue, la fièvre étant complètement partie. Alhamdouliah!

S’intégrer à l’IPR

Cette semaine, sur le campus, jeudi et vendredi, c’était les journées de l’intégration. Au programme, toutes sortes d’activités pour faire connaître et mettre en valeur la richesse des cultures des étudiants de l’IPR. Jeudi midi, il y avait une dégustation de mets typiques des pays dont proviennent les étudiants : Gabon, Burkina, Tchad, Mali, Bénin, Togo, etc. (et non, on ne nous a pas demandé de faire de poutine!). Comme nous nous sommes liés d’amitié avec des Tchadiens avec qui je joue au basket, on m’a choisie comme goûteuse officielle de ce plat. Normalement, c’était des professeurs ou personnes importantes qui allaient à l’avant, mais là j’ai eu un passe-droit! Didier, qui animait toujours, n’a évidemment pas manqué l’occasion pour faire des blagues et me faire rougir. J’étais même stressée avant de monter sur scène! On m’a fait goûter à une sorte de tô (pâte compacte avec une sauce aux gombos) et à une bouillie au lait et aux arachides. C’était délicieux et quand je l’ai dit en bambara après que Didier m’ait demandé mes impressions, toute l’assistance était hilare. Ouf, je m’en suis bien tirée. Il faut dire que j’avais peur d’être devant un plat que je ne pouvais pas psychologiquement manger; par exemple, il y avait un plat burkinabé à base de chenilles… j’ai évité!

Tout l’après-midi, il y avait une sorte de kermesse, des jeux, de la musique. Le campus entier était joyeux et vivant. En fin d’après-midi, un match de basket amical avait été organisé dans le cadre de la journée. Une cinquantaine de personnes sont venues nous voir jouer. On a vraiment eu du plaisir et j’ai pu défendre à la fois l’honneur féminin et canadien en offrant une bonne performance. Malgré tout, notre équipe a perdu, mais ce n’était clairement pas ça qui comptait! Le lendemain, au tour du match de foot. Cette fois, c’était les profs contre les étudiants. C’était vraiment drôle et sympathique comme match et comme ambiance. À un moment, les profs qui tiraient de l’arrière par un point ont exigé la présence de JF sur le terrain, encouragés par Modibo. C’était bien drôle! Évidemment, ça n’a pas passé inaperçu! Le soir, un spectacle de danse traditionnelle des différents pays a été organisé. C’était génial de voir les étudiants, tous vêtus d’habits traditionnels venir danser sur scène avec fierté. À la fin, ça s’est muté en soirée dansante, donc fidèles à notre habitude, nous avons brûlé les planches jusqu’à la fin.

C’est vraiment drôle, parce que maintenant, pratiquement tout le monde me connaît et me salue par mon nom lorsque je les croise sur le campus. Il faut dire que Didier a grandement contribué à ce fait en nous pointant à chacune des activités et en nous menaçant de nous obliger à danser! On peut dire que les journées d’intégration de l’IPR ont bien accompli leur mission pour les Canadiens du moins!

Danse, danse, danse

Désormais, toutes les fins de semaine, il y a des coupures d’eau et d’électricité qui perdurent vraiment longtemps. Un samedi du mois de juillet, nous avions programmé une sortie à Koulikoro en compagnie des stagiaires du centre ou JF et moi travaillons. Cette soirée se tenait au Mess des officiers. Néanmoins, le départ de Katibougou avait été prévu vers 21h, mais à cette heure, nous n’avions toujours pas d’eau pour nous doucher et l’électricité n’était pas revenue, ce qui compromettait nos possibilités de danser! JF et moi nous sommes donc rendus au campus rejoindre Garan, un des stagiaires, avec qui on a des discussions très intéressantes et toujours plaisantes. Une fois sur le campus, c’était irréel de voir les étudiants essayer d’occuper leur samedi soir comme faire se peut. Certains jouaient de la guitare, d’autres faisaient le grin (s’asseoir autour du thé et discuter longuement), d’autres déambulaient… Quelques instants plus tard, alors qu’on remettait les plans de la soirée en question, l’électricité est revenue, sous les acclamations généralisées. La vie s’est dynamisée instantanément, mais nous n’en avons pas été témoins longtemps, nous devions nous préparer… mais tant pis pour la douche, l’eau n’allait revenir que dans le milieu de la nuit.

Garan et Koné sont passés chez nous, tous deux très bien vêtus et JF et moi faisions un peu pouilleux à côté d’eau avec nos vêtements laids de travail et de voyage. Malgré tout, nous avons chevauché nos Jakarta et sommes partis vers notre première soirée d’une série respectable. Arrivés là-bas on rejoint Kouyaté, un autre stagiaire. Il connaît bien les aires, donc nous amène à un endroit où nous pouvons nous asseoir avant que les gens arrivent massivement. Il nous apporte du chewing gum et des friandises pour faire passer le temps. C’est toujours un peu étrange pour moi, alors que je m’apprête à veiller, de déguster des bonbons… La musique a bientôt crû en volume et en intensité et la piste de danse s’est rapidement remplie. Nous avons dansé jusqu’à 3h du mat, avec quelques brèves pauses. Nous commencions à nouer des liens avec nos collègues stagiaires, mais cette soirée les a consolidés, puisque, en dehors de prendre le thé tous ensemble, c’était la première activité que l’on faisait hors travail.

Le samedi suivant, nous sommes également sortis avec eux, d’abord au Mess des officiers puisque Kouyaté faisait partie de l’organisation de la soirée (et il nous a fait passer comme des VIP, c’était bien drôle!). Nous avons dansé jusque vers 1h du mat, puis sommes partis pour le Foyer des Paysans, sur le domaine de l’IPR où avait lieu une autre grande fête. Encore une fois, nous avons fêté jusqu’à la fin et ne nous sommes assis que bien peu de fois pour nous reposer. C’était vraiment génial comme soirée. La musique était à 100% africaine et nous avons donc dû apprendre certaines danses en ligne et certaines rondes. Ce qui était bien aussi, c’est que je connaissais beaucoup de gens, rencontrés au basket ou au travail, donc c’était amusant de me joindre à différents groupes pour danser et de saluer et être saluée tout au long de la soirée. Bien évidemment, quand nous sommes entrés dans la place, Didier, l’animateur de la soirée et ami de Garan, n’a pas manqué de saluer notre présence à JF et moi et d’exiger qu’on danse! Nous nous sommes soumis à ses volontés avec plaisir!