lundi 18 juillet 2011

Audry au Mali... en villages!

Il y a une semaine débutaient les visites en villages, soit la partie charnière de mon stage, ce pour quoi je me préparais depuis près d’un mois déjà. Première destination : Siratiguila. Pour s’y rendre, nous devions traverser le fleuve et s’enfoncer dans la brousse pour près de 20 minutes (si la route est belle). L’accueil fut digne de l’Afrique : verre d’eau à notre arrivée, arachides, sceau de lait (je n’ai fait que semblant de boire; pas d’électricité dans le village = pas de réfrigérateur + du lait non pasteurisé… j’ai passé mon tour!), repas de roi une fois que la réunion fut terminée. Je me suis bien amusée.

Comme c’était le premier village, je découvrais tout et j’ai fait une vraie kid kodak de moi : champs parsemés de baobabs et d’arbres à karité, greniers sur pilotis, construction de terre séchées, abris rustiques pour se protéger du soleil, four à karité (pour en extraire le beurre), enfants au sourire étincelant, femmes coquettes et aux habits multicolores, etc.

La rencontre s’est déroulée à l’africaine : à l’ombre d’un grand arbre et entrecoupée de thé. Les paysans ont exprimés leurs préoccupations et leurs besoins, nous en avons discuté pour près de 3 heures. Nous avons été arrêtés dans nos palabres par une brève, mais intense pluie. Résultat, tout le monde s’est réfugié chez le chef du village et j’en ai profité pour faire un diaporama sur mon ordi afin de leur montrer leurs photos. Il fallait voir les réactions et l’émerveillement de tout un chacun. Lorsque la pluie fut calmée, nous avons demandé la route. On nous la refusa. Pas le droit de partir avant de manger le succulent spaghetti au karité qu’ils nous avaient préparé. J’ai été la dernière à arrêter de manger tellement c’était bon et différent (et je crois que les femmes en étaient ravies). Je n’ai pas manqué de leur dire à quel point c’était bon, avec les quelques rudiments de bambara que je possède. Vers 14h, nous avons pu avoir la permission de quitter, avec un attroupement derrière le pick up qui nous saluaient, tout sourire. Le coup d’envoi annonçait une semaine riche en expériences humaines et en découvertes des beautés (tant physiques que morales) de l’Afrique.

Arrivés à Gouni (là où nous prenons le bac pour traverser le fleuve), celui-ci était pris de l’autre côté en raison du mauvais temps qui s’annonçait. Nous sommes donc restés près de 2 heures à la Mairie de Gouni à attendre le bac (ce n’était là que le début de ma constatation des horaires pour le moins flexibles du bac).

Le lendemain, cap sur Dianguinabougou, qui est à près d’une heure de l’autre côté du fleuve. La route était à couper le souffle. Routes de terre rouge bordée de végétation émeraude, milliers de zébus transhumants (qui nous ont plusieurs fois retardés, puisqu’ils prenaient toute la route sur une centaine de mètres à plusieurs endroits), petits villages rustiques, enfants travaillant aux champs et saluant les rares véhicules sur la route, hommes à vélo se rendant travailler sur leurs terres, baobabs feuillus… Je me sentais inondée par la beauté. C’était à se pincer, presque irréel avec la lumière du matin qui faisait étinceler les restes de la pluie nocturne. Une beauté impossible à décrire, impossible à reproduire en photo. Bref, un moment privilégié entre moi et ce continent que j’aime tant.

Arrivée sur place, c’était magique. Tous les enfants du village sont venus se regroupés autour de moi en criant « toubabouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu! ». On me serrait la main, touchait la peau, mendiait une photo. La joie était au rendez-vous. Avant le début de la réunion, j’ai eu le temps de faire la visite de plusieurs concessions et d’y prendre en photo toutes les femmes qui y travaillaient. Elles étaient si amusées de se voir ensuite sur l’écran de l’appareil. Ça provoquait l’hilarité. Tout au long, j’ai été suivie par une meute d’enfants curieux et amusés qui se glissaient dans la majorité des portraits que je tentais de prendre.

La rencontre s’est également très bien déroulée et, encore une fois, nous avons eu un accueil tout africain. Arachide, eau, lait, dîner. J’ai moins mangé que la veille, étant dans une salle qui sentait l’urine des animaux (probablement leur enclos pour la nuit). C’était du tô, le repas national malien. C’est une pâte un peu flasque dont on fait une boule qu’on trempe dans une sauce verte gluante (aux gombos). La sauce, contre toute attente, était délicieuse, mais l’odeur âcre des urines de ruminants me coupa bien vite l’appétit.

De retour vers Gouni, nous avons croisé encore plusieurs troupeaux de zébus et de chèvres. La route était aussi belle qu’à l’aller. Arrêt par la Mairie afin d’attendre le bac pour 1h30 qui, cette fois-ci, n’avait aucune excuse : le soleil billait de mille feux. Encore une belle journée en village!!!

Jeudi, c’était au tour de Gouni. Comme c’est tout près, on devait y aller en moto. Étant une équipe de 3, je devais conduire la Jakarta. Comble de malheur, une pluie torrentielle s’abattait sur la région à l’heure du départ. Nous sommes tout de même partis, Modibo et moi, affronter l’élément hydrique. En passant à Koulikoro, nous devions quitter le goudron pour aller chercher Seydou qui nous accompagnait (le même homme jovial qui nous a accompagnés chez le Maire). Les manœuvres étaient assez ardues dans les rues boueuses et inégales de Koulikoro. Par la suite, pour se rendre au bac nous devions rouler sur une langue de terre qui était immergée dans le fleuve. J’ai donc roulé à moto dans le fleuve Niger. Peu de gens peuvent s’en targuer! J’ai fait de mon mieux pour éviter les roches pointues et le ressac des vagues, et j’ai pu me rendre au bac, déjà épuisée.

Une fois sur la terre ferme, la pluie s’était arrêtée, mais les routes en gardaient souvenir. Nous avons d’abord dû nous rendre à la boutique acheter des noix de kola (que l’on remet traditionnellement au chef à chaque visite). La route, d’un mètre cinquante de large (maximum, parfois je me demande si ce n’était pas un mètre) était glaiseuse, parsemée de nids d’autruche (pas de nids de poule, des bien plus gros oiseaux!) et bordée de murs de terre séchées. Quand je tournais un coin, je ne savais jamais si j’allais tomber face à face avec un zébu, une chèvre, un vieillard ou un enfant (finalement, je suis tombée nez à nez avec tous ces éléments plus d’une fois). Une fois chez le chef, on apprend qu’il nous attend à la salle de réunion, juste à côté de la boutique. Je fais demi-tour non sans manquer tomber parce que le sol glisse trop. Modibo et moi avons tout de même réussi à manœuvrer sans se salir jusqu’à notre point de départ.

La rencontre fut plus brève, mais tout aussi amicale que les précédentes. Contents d’avoir terminé pour 11h, nous voyons que le bac est de notre côté du fleuve. On se dépêche pour aller le prendre. Comme il n’y a aucun passager, les conducteurs prennent le thé au haut de la colline, à l’ombre. On laisse nos motos et allons les rejoindre. Nous attendons près d’une heure. Lorsqu’il est l’heure de partir, il n’y a pas assez de véhicules, donc le responsable nous annonce qu’il ne partira qu’à 15h. Noooooooooooooon! Fatigués par notre semaine et l’attente sous le soleil cuisant, nous envisageons l’option de traverser en pirogue, juste comme on nous propose d’allonger les 1000 CFA supplémentaires que payerait un véhicule pour la traversée, ce qui pourrait justifier celle-ci auprès des autorités. Avoir su, on aurait payé bien avant… Malgré tout, je suis bien contente d’arriver avant les coups de 17h à la maison…

Vendredi, nous avions un programme chargé (2 villages). Malheureusement, victime d’une intoxication alimentaire et malade depuis l’aurore, je suis comme un zombie lors de la première visite. À un moment, j’ai même cru défaillir. J’ai failli en échapper mon ordi que je tenais sur mes genoux. J’ai réussi à m’accrocher à la conscience le temps de la visite, et j’ai loué le ciel quand elle fut close. Le chemin du retour fut entrecoupé de « pauses » afin de me permettre de me débarrasser de la bile récalcitrante qui restait dans mon estomac. Ouch… J’ai dormi toute l’heure du midi afin de me faire des forces, mais l’heure venue de partie au deuxième village, je voulais en pleurer. Malgré tout j’y suis allée et, bien que je n’aie pas absorbée la beauté des paysages et profité de l’accueil des villageois de manière optimale, je me suis sentie énergisée par ces gens simples et généreux. Et qui sait, peut-être que toutes les bénédictions qu’ils m’ont données pour que je guérisse vite y furent pour quelque chose… Ceci dit, en revenant, j’étais fragile, mais remise sur pieds. Alhamdoulilah! Ce fut, somme toute, une semaine superbe et une expérience africaine unique, même pour moi qui ai pratiquement passé un an de ma vie dans cette sous-région.

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