mardi 21 février 2012

Poutine dakaroise

Avant de quitter Dakar, lundi dernier, j’ai décidé de souligner mon passage chez les Diawara de façon un peu spéciale. J’ai donc décidé de cuisiner la poutine, au grand bonheur des enfants.

Première étape, le marché. Vous aurez deviné que du fromage en grain, ça ne se trouve pas au Sénégal, d’où la première modification à la poutine d’ici, on la cuisine avec du gruyère. Mais, vous aurez deviné que le fromage ne fait nullement partie de l’alimentation de base des Sénégalais et qu’il ne se trouve pas à chaque coin de rue. Après mon rendez-vous du matin à l’OMVS, je suis donc passée à la maison poser mes trucs, puis je me mets en route pour la boutique au bout bout bout de la rue, près de la mer, là où on trouve du fromage.

En chemin, je croise Diewo et Mamie qui reviennent de l’école. Je leur fais part de ma destination et elles décident de me suivre sans hésitation, malgré la distance assez importante pour leurs petites jambes. Pendant le trajet, Mamie reste plutôt derrière Diewo et moi. Au début, je crois que c’est parce qu’elle est fatiguée, mais non, elle m’expliquera plus tard que c’est parce qu’elle veut s’assurer qu’on n’essaie pas de voler dans mon sac. Diewo, qui est plus jeune, n’a pas connu la poutine, alors elle me demande en quoi ça consiste. Essayez, vous, d’aller expliquer c’est quoi de la poutine en wolof, c’est assez drôle. Elle ne semblait pas trop appétée par ma description, mais Mamie l’a rassurée en lui laissant savoir que tout ce qu’elle avait besoin de savoir, c’est que c’est bon.

Au retour, Diewo, fidèle à son habitude, commence à faire sa comédienne. Elle dit qu’elle est fatiguée, mais trouve toujours une manière théâtrale de le montrer. Pour remercier les petites de m’avoir accompagnée, j’arrête nous acheter 3 jus de bissap dans un échoppe. Mamie et moi buvons immédiatement, mais Diewo prend tout son temps, traînant de la patte derrière nous et le sirotant jusqu’à la maison. Chaque fois que je me retournais pour m’assurer qu’elle nous suivait bien, elle me faisait un de ses sourires coquins irrésistibles.

Au cours de l’après-midi, je suis sortie passer du temps avec les voisins chez qui j’allais régulièrement me connecter. À mon retour, je trouve Diewo, Mamie et Mara (respectivement 6, 9 et 12 ans) à la cuisine en train d’éplucher les 3 kg de pommes de terre achetés pour l’occasion. J’étais touchée que des enfants aussi jeunes puissent penser à m’aider de la sorte et le faire de leur propre initiative. Et avoir un homme à la cuisine, c’est bien rare!

Donc, nous avons commencé vers 18h à éplucher et cuire le tout et on a terminé de préparer la poutine vers 21h30. Mais quel beau moment. On écoutait de la musique québécoise, et je ne pouvais m'empêcher d'être toute émue d'entendre Mamie et Mara chanter par coeur Dégénération de Mes Aïeux. Parfois Khalil venait nous observer pour voir que tout était ok, disait à Mamie de bien suivre mes instructions car la prochaine fois c’est elle qui cuisinerait la poutine, etc. Papou venait parfois nous visiter (toujours en jetant le plus de chaudrons possibles par terre). Je trouvais toujours ça mignon quand Mamie le prenait sur sa hanche en brassant les frites qui cuisaient dans l’huile, et je ne pouvais m’empêcher d’être surprise par tant de maturité et un tel sens des responsabilités.

On a mangé la poutine accompagnée de salade (fallait bien que je me fasse plaisir un peu!). Tous ont apprécié… ou étaient polis et me disaient que c’était bon? Non en fait je sais que c’était bon, car il ne restait plus rien des 3 kg de pommes de terre, de sauce, de fromage ou de salade dans le plat commun après quelques 10 minutes.   

En soirée, Khalil et Fama avaient acheté du Fanta et on l’a bu tous ensemble, en toastant au succès de mes recherches (c’est Khalil qui a fait le toast). Le reste de la soirée a passé vite, mais on s’est beaucoup amusés. On se chatouillait (même Mara, Baba et El Hadji, les plus vieux) participaient. On a joué, on a ri, on s’est taquiné… On est allé au lit vers 1h du mat, alors que les enfants avaient de l’école le lendemain…. C’était une de ces soirées qui font vraiment chaud au cœur et qui font ressortir toutes les beautés des échanges culturels et qui font sentir l’importance de préserver de tels liens, malgré la distance. Je suis à St-Louis depuis près d’une semaine, et les Diawara me manquent déjà…

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