mardi 20 mars 2012

Visites en villages

Dès mardi, nous sommes partis visiter des villages. Première destination, R’Kiz. Un village de Maures principalement (arabes). L’accueil fut chaleureux, la discussion interminable et la quantité de thés bus incalculable (j’ai perdu le compte à 5), mais je vais trop vite....

D’abord, le trajet était MA-GNI-FI-QUE!!!! Dès qu’on a quitté la route goudronnée pour les pistes, j’ai été charmée par les paysages qui s’offraient à moi. Petits marigots bordés de verdure qui sillonnent la plaine autrement désertique, villages rudimentaires épars, troupeaux de centaines de zébus ou de chèvres, et mon must : les DUNES!!!! Celles-ci, contrairement aux autres déserts que j’ai visités étaient parsemées d’arbres et d’arbustes.

En arrivant, Khady et moi partons saluer les femmes qui se trouvent dans un abri constitué d’une dalle de béton carrée d’une hauteur d’environ un mètre abritée par un toit de tôle en pente. Là où le soleil plombe, des rideaux sont descendus pour permettre le maximum de fraîcheur. Khady me présente, on nous invite à nous coucher chacune sur une paillasse à motifs arabes colorés et la discussion commence (je ne fais principalement que sourire et ajouter ici et là un mot d’arabe) puis la longue chaîne des thés commence.

Peu après, quand tous les hommes sont réunis dans la maison, nous allons les rejoindre, Khady et moi, laissant aux femmes le soin de préparer le souper. On nous offre des rafraîchissements à l’arrivée (ça fait partie de l’accueil mauritanien). Présentation, mise en contexte, discussion, enquête, suivi des projets… après 3 ou 4 heures de discussions fastidieuses nécessitant une traduction tant de l’hassanya vers le français (pour moi) que du français vers l’hassanya (pour un certain nombre de membres du bureau de l’association). Juste au moment où l’énergie tombe, un jeune homme arrive avec des plats de dates que l’on trempe dans la crème. Un délice! Suit un repas de frites et de viande à la sauce aux oignons, puis un riz fameux le « mbaxalu naar » (riz bouilli des arabes) qu’on mange même au Sénégal. Pas besoin de vous dire que je dois rouler jusqu’à mon lit, qu’on a installé sous un autre abri de tôle à quelques cents mètres de la maison.

Malgré la douce brise qui me rafraîchit, les 28 thés (ou plus?) que j’ai bus (sans blague, ça dépasse la dizaine, car c’est à intervalles de 20 à 30 minutes en continu depuis notre arrivée) ne me permettent pas de sombrer dans le sommeil dont j’ai besoin. Khady et moi discutons donc avant d’aller rejoindre les bras de Morphée. Elle me parle du fait que les femmes maures ne font rien, qu’elles ont des esclaves noires qui font tout à leur place, que les hommes font tout pour elles (le travail, le service, la construction, etc.) et que le meilleur endroit leur est réservé (le vaste abri aéré où on nous a accueillies en arrivant). Sa vision des choses me surprend : après tout, les femmes n’ont pas été invitées à la réunion, et plutôt que d’interpréter ça comme un ostracisme des processus de décision comme je le fais, elle interprète plutôt cela comme un manque d’intérêt de la part des femmes. J’ai encore des croûtes à manger pour comprendre les sociétés africaines…

Le lendemain matin, je me réveille au bruit du son croquant que fais le sable partout sur mon corps et dans ma bouche (la douce brise nocturne transportait aussi des sédiments!). Après un bon petit déjeuner, on se dirige à travers le désert qui ressemble à de la toundra (végétation éparse et courte) vers un village de pêcheurs wolofs-peuls. L’accueil est encore une fois digne de l’Afrique. On nous sert ce qui est le meilleur poisson que j’ai mangé à vie : un capitaine grillé (tioff) accompagné d’une sauce aux oignons et tomates. Un vrai régal. Je n’ai pas été priée pour manger au-delà de ma faim cette fois!!!

Tous assis sur une natte à l’ombre d’un grand arbre, nous entamons la rencontre, tout en buvant (encore!) du thé. À un certain moment, un petit garçon demande pourquoi les deux noirs (Khady et Mohammed) ont amené une naar (une arabe). On peut dire que mon accoutrement qui a réellement eu l’effet escompté! Après deux heures de discussion, les vents de sable qui se sont levés depuis près d’une heure, ont raison de notre motivation et on abrège afin de rentrer. J’ai du sable partout : dans le nez, les oreilles, les cheveux, sur la peau…

Le retour est encore plus beau que l’aller, je ne sais pas si c’est la lumière du matin, les dromadaires qui sillonnent les routes ou la cinquantaine de singes que j’ai vus la traverser, mais la beauté des paysages est maintenant sur une échelle exponentielle. Je crois que le plus beau moment de mon séjour dans le R’Kiz fut la crevaison impromptue sur le retour, qui me permit d’aller explorer les dunes avoisinantes et prendre quelques photos. L’après-midi, j’ai décidé de quitter Rosso pour Nouakchott et visiter un peu l’Adrar (région désertique) pendant la fin de semaine. J’ai encore une fois été servie en dunes, de plus en plus grandes quand on quitte Rosso. Yéééééé!

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